Chapitre 1 :
Trois « prises de conscience » fondamentales sur la langue

Quand nous observons au plus près l’objet d’apprentissage que constitue la langue française, nous nous apercevons que ce savoir offre plusieurs réalités selon le regard que nous posons sur lui. Le premier point revient alors à s’interroger sur l’analyse que fait l’enseignant lui-même sur ce savoir qu’il enseigne. Quelle conscience a-t-il de ce savoir ? Croit-il que la langue soit une donnée phonétique, en d’autres termes que le français serait d’abord une langue de sons ? Comment la présente-t-il à l’élève ? Dans un second registre, l’idée que cette connaissance (la langue) intègre des aspects techniques importants à maîtriser soulève une autre salve de questions sur la place de l’instrument : doit-on recourir systématiquement à la mémorisation de l’outil, à l’implantation initiale des mécanismes en se disant que la compréhension se manifestera ultérieurement ? Sur un troisième plan, la lecture aujourd’hui constitue la cible privilégiée dans l’accès à la connaissance de la langue. Tout se passe comme si nous devions d’abord endosser les costumes de lecteur pour ensuite entrouvrir les habits de scripteur. Pourtant, ne peut-on pas croire que le chemin pourrait être inverse, que l’acte d’écrire serait premier et, plus que cela, qu’il permettrait un meilleur accès à l’acte de lire ?

En premier lieu, nous interpellerons la connaissance de l’enseignant à l’égard de la langue. Cette démarche, certes dérangeante et peut-être assimilée à une provocation, laisse supposer qu’une majorité de professionnels manifesterait une maîtrise très partielle de cet objet d’apprentissage.