1.1. L’analyse des éléments sonores

Afin d’identifier la conception de la relation entre la langue écrite et la langue orale, telle que l’appréhende l’enseignant, nous avons à maintes reprises tenté l’expérience suivante :

1. Sur une page blanche, l’enseignant écrit « les éléphants ».

2. Puis, sur une ligne située plus bas, il doit inscrire un rond à chaque fois qu’il détecte un élément sonore. A titre d’exemple, un premier rond est dessiné pour marquer la présence du son [L].
   

   

   Figure n°992 ème temps de mise en oeuvre d’une expérience visant à identifier la conception que l’enseignant porte sur la langue

3. Enfin quand les ronds sont tous représentés, la consigne revient à associer, quand cela est possible, un rond à une ou plusieurs lettres.

Les résultats de cette expérience sont éloquents. Si tous écrivent bien évidemment les deux mots sans erreur, jamais nous n’avons rencontré une unanimité sur le nombre d’éléments sonores. De manière à peu près équitable se partagent les partisans de la réponse « 7 éléments sonores » et les défenseurs de « 8 éléments sonores ». Quelques enseignants, nettement moins nombreux, trouvent des réponses s’échelonnant de 4 éléments sonores à  6 éléments sonores, exprimant ainsi une difficulté entre syllabe et phonème. Avant de formuler la réponse correcte, la diversité des réalisations montre combien cet objet de savoir reste encore bien obscur pour de nombreux enseignants. Nous transmettons une connaissance que nous ne maîtrisons pas totalement alors que pour d’autres disciplines, nous partageons un point de vue identique entre collègues. L’ambiguïté l’emporte largement sur la certitude et plane, en permanence sur ce sujet, le sentiment que ce savoir n’est pas totalement assimilé. Une hypothèse, à propos de ce flottement des points de vue, soulève un risque de confusion dans l’enseignement et, par conséquent, dans l’apprentissage du « lire-écrire » chez le débutant lecteur-scripteur. Pour en revenir au résultat, il existe bien huit éléments sonores, la liaison constituant l’élément sonore qui pose souvent problème.

Figure n°1003 ème temps de mise en oeuvre d’une expérience visant à identifier la conception que l’enseignant porte sur la langue