0111.2. La correspondance phonographique

Si une disparité se manifeste sur le nombre d’éléments sonores, contenus dans l’énoncé de deux mots, elle devient encore plus flagrante lorsqu’il s’agit d’associer un élément sonore à une donnée graphique. Encore une fois, quelle que soit la position que l’on adopte à ce niveau, le plus grand intérêt de cette expérience consiste à observer, chez les enseignants, l’incertitude avec laquelle ce traitement phonographique est mené. Sur cette activité, les enseignants témoignent de réelles difficultés, y compris pour ceux qui se situent en cycle 1 ou en cycle 2. Tout le problème revient à associer ou non et de manière systématique, un élément sonore à un ou plusieurs éléments graphiques. Le résultat de cette expérience montre qu’une majorité de professionnels donnent, à tort, un statut de langue phonétique au français. Ce faisant, ils se situent très à proximité des méthodes enseignées, il y a une vingtaine d’années, qui accordaient une place dominante à l’angle phonétique. Le manuel « Le Sablier » constitue un exemple particulièrement représentatif de cette démarche, aujourd’hui, quasiment abandonnée. Le décalage entre la conception de la langue chez l’enseignant et la méthode utilisée en classe interroge : n’y a-t-il pas ici une explication à cette sorte de soumission à l’égard du manuel d’apprentissage ? L’enseignant, maîtrisant peu l’objet d’apprentissage, fait grandement confiance au manuel, ouvrage qu’il assimile d’ailleurs à la méthode. Entre collègues, les échanges ne portent jamais sur la conception de la langue mais sur le dernier manuel paru chez un éditeur.

Concrètement, deux obstacles se détachent, l’un centré sur le statut de la liaison et l’autre sur la correspondance entre le dernier phonème et les lettres. Ces deux éléments, la liaison et la lettre muette, sont souvent soumis, à tort, à une correspondance phonographique dans l’expérience avec les enseignants. Pourtant, pour la liaison aucune manifestation visuelle à l’écrit ne s’exprime et pour la lettre muette, son principe de surdité ne peut apparaître dans une traduction phonétique.

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Figure n°101Manifestation d’une conception exclusivement phonographique de la langue