4.1. L’environnement de la pression des pairs

  • Les normes de groupe 

Les normes sont des règles établies par le groupe afin de pouvoir évaluer le comportement individuel de chacun de ces membres (Elster, 1989). Elles définissent les règles de comportement que les individus croient nécessaires d’adopter. Ainsi, les groupes de travail déterminent la production individuelle des agents en référence à une norme qui représente la conception que se fait le groupe de la quantité de travail qu’il est juste de produire. La norme contribue à apporter au groupe des avantages en réduisant les incitations des membres à adopter un comportement de passager clandestin.

  • Les efforts de contrôle mutuel 

Les efforts de contrôle mutuel sont exercés par les membres de l’équipe afin d’obtenir un signal concernant l’effort de production de leurs pairs. L’observabilité des efforts des membres du groupe est au cœur de l’environnement de la pression des pairs (Varian, 1990). Du fait de leur proximité, les agents ont une position privilégiée pour obtenir des informations concernant les activités de leurs pairs (Bowles, Carpenter et Gintis, 2001). L’organisation du travail en équipe favorise cette proximité entre les agents et facilite donc le contrôle mutuel.

  • Les sanctions des pairs

Les sanctions sont imposées par les pairs lorsqu’ils observent une déviation vis à vis de la norme. Les sanctions sont généralement imposées à ceux qui produisent moins que la norme. Toutefois, on peut également observer des comportements de sanction à priori “ aberrants ” du point de vue de l’économiste qui consistent à sanctionner ceux qui dépassent la norme de production, à la fois pour maintenir la cohésion dans le groupe et pour éviter la révision des normes officielles si elles étaient systématiquement dépassées par les travailleurs (Miller, 1992). Dans ce cas, les sanctions assurent la survie du groupe (Roethlisberger et Dickson, 1947 ; Whyte, 1955 ; Marsden, 1986). Les sanctions imposées par les pairs sont de natures diverses. Posner et Rasmusen (1999) distinguent ainsi plusieurs sortes de sanctions. Elles peuvent être de nature morale liées à la désapprobation des pairs (honte), reposer sur l’ostracisme qui consiste à exclure du groupe un membre déviant ou être de nature monétaire et consister à ce que l’agent déviant ne reçoive pas la totalité de la part de l’output qui lui est due. C’est cette dernière forme de sanction qui sera retenue par la suite dans la modélisation de la pression des pairs.