5. Conclusion

La comparaison des modèles avec et sans pression des pairs (sous l’hypothèse que les sanctions sont automatiquement appliquées et sans coût pour ceux qui sanctionnent) a montré que le contrôle mutuel incite les agents à fournir davantage d’effort de production. Toutefois, lorsque l’on relâche l’hypothèse selon laquelle les sanctions sont appliquées automatiquement et sans coûts, alors la pression des pairs devient inexistante. Les agents anticipent alors qu’ils ne seront jamais sanctionnés par leurs pairs et adoptent donc un comportement opportunisteen choisissant l’effort de production le plus bas possible qui maximise leur utilité. Comment alors expliquer que, dans la réalité, les individus n’hésitent pas à punir ceux qui dévient des normes établies au sein du groupe même si cela est coûteux pour l’équipe dans son ensemble (Posner et Rasmusen, 1999 ; Falk, Fehr et Fischbacher, 2000) ?

Il convient de vérifier les prédictions théoriques des modèles de pression des pairs. Comment tester l’efficacité de la pression des pairs ? La pression des pairs est difficilement mesurable en raison notamment du caractère souvent informel des sanctions imposées par les pairs. C’est notamment le cas lorsque les sanctions reposent sur la désapprobation morale des pairs et relèvent alors des sentiments de honte. La méthodologie retenue pour la soumission à réfutation des propriétés d’équilibre des modèles proposés est l’économie expérimentale. L’objectif des expérimentations en économie est d’analyser et de comprendre l’éventuelle différence qui existe entre les prédictions théoriques à l’équilibre et les résultats tant expérimentaux qu’observés dans la vie quotidienne (Ledyard, 1995). En effet, l’expérimentation permet de recréer, dans un environnement contrôler, les hypothèses exactes postulées dans les modèles et d’isoler l’influence de certaines variables