2. La pression des pairs et l’effort de contribution dans les jeux de biens public

Le comportement rationnel de l’homo oeconomicus de la théorie néoclassique est individualiste et instrumental : il décide de son comportement de façon à maximiser son utilité personnelle, sous les contraintes que son environnement lui impose. Autrement dit, il est opportuniste et n’hésite pas à mentir ou à tricher si les gains espérés de la tricherie sont supérieurs à ceux attendus de l’honnêteté. Les agents au sein d’un groupe peuvent donc adopter des comportements de passager clandestin afin de maximiser leur utilité.

Un certain nombre d’expériences contredit les prédictions théoriques relatives à l’existence et l’importance du problème de passager clandestin. En effet, plusieurs études en économie expérimentale ont montré que la plupart des individus contribue largement au financement des biens publics dans les premières périodes d’un jeu répété (Ledyard, 1995). Ainsi les sujets contribuent généralement entre 40 et 60% de leur dotation initiale au bien public dans les premières périodes d’un jeu de bien public répété (Marwell et Ames, 1979 ; Isaac, McCue et Plott, 1985 ; Kim et Walker, 1985 ; Fehr et Schmidt, 1997). De nombreux travaux se sont alors attachés à déterminer les variables susceptibles d’influencer les comportements de contribution afin d’expliquer les divergences entre la prédiction théorique et les observations (Isaac, Walker et Thomas, 1984 ; Isaac et Walker, 1983, 1984, 1987, 1988). Toutefois, lorsque les jeux de biens publics sont répétés un nombre fini de fois, le niveau de contribution moyen diminue considérablement pour atteindre des niveaux proches d’une contribution nulle. Plus récemment, d’autres travaux se sont intéressés à l’opportunité d’introduire un mécanisme d’incitation (de sanction ou de récompense) afin d’inciter les sujets à contribuer davantage au bien public (Fehr et Gachter, 2000 ; Sefton, Shupp et Walker, 2000 ).