2.2.2. Sanction et récompenses : Sefton, Shupp et Walker (2000)

Sefton, Shupp et Walker (2000) ont comparé les effets des sanctions et des récompenses sur les comportements de contribution volontaire à un bien public répété. Le traitement avec sanction est similaire à celui de Fehr et Gachter (2000). Les sujets ont la possibilité de sanctionner les autres membres du groupe. Sanctionner réduit les gains de ceux qui subissent la sanction mais également de ceux qui l’imposent. Les auteurs comparent ce traitement à un deuxième traitement ou les sujets ont la possibilité de récompenser les autres membres du groupe. Les récompenses se traduisent par un transfert de gain de celui qui récompense à celui qui est récompensé. Enfin, dans un troisième traitement, ils étudient un jeu avec opportunité de sanctionner et également de récompenser.

Les auteurs considèrent tout d’abord un jeu de bien public sans opportunité de sanction ou de récompense. Chaque sujet d’un groupe de quatre reçoit une dotation de 6 jetons et doit décider combien allouer au bien public. Soit la fonction de gain de chaque sujet :

La stratégie dominante est ici de ne contribuer aucun jeton au bien public. Les auteurs considèrent ensuite un jeu de bien public avec opportunité de sanction. Ce jeu consiste à ajouter une deuxième étape au jeu précédent. Ainsi, après avoir observé les niveaux de contribution des autres sujets, chaque sujet reçoit 6 jetons supplémentaires et peut décider de les utiliser ou non pour sanctionner les autres sujets (Le sujet garde pour lui les jetons qu’il n’utilise pas pour sanctionner). Le gain d’un sujet est réduit d’autant de points de sanction reçus. Soit la fonction de gain de chaque sujet i dans ce traitement :

A l’équilibre, personne ne contribue au bien public et personne ne récompense.

Dans un dernier traitement, les sujets ont la possibilité de sanctionner et de récompenser les autres membres de leur groupe. Soit la fonction de gain du sujet i :

L’unique équilibre de Nash est de ne jamais sanctionner, ne jamais récompenser et ne pas contribuer au bien public. Les auteurs distinguent deux séquences de 10 périodes chacune. Dans la première séquence, les sujets de toutes les sessions participent au traitement sans opportunité de sanction ou de récompense. Dans la deuxième séquence de 10 périodes, les sujets participent à l’un des quatre traitements : jeu de bien public sans sanction ni récompense, avec sanction, avec récompense ou avec l’opportunité de sanctionner et de récompenser.

Ils observent que les niveaux de contribution diminuent progressivement lorsque les sujets continuent à jouer un jeu sans opportunité de sanction ou de récompense. L’opportunité de sanctionner ou de récompenser accroît considérablement le niveau de contribution des sujets. Ils obtiennent des résultats similaires à ceux de Fehr et Gachter (2000). Ils observent en effet que l’opportunité de sanctionner affecte positivement le niveau de contribution des sujets. Sefton, Shupp et Walker observent par ailleurs que l’opportunité de récompenser accroît également le niveau des contributions. Dans le traitement où les sujets ont la possibilité de choisir entre sanctionner ou récompenser, les auteurs observent que les sujets choisissent initialement davantage les récompenses aux sanctions. Avec répétition du jeu, les sujets choisissent autant les deux modes d’incitation.

Afin de comparer plus distinctement les deux modes d’incitation, Sefton, Shupp et Walker ont conduit des sessions supplémentaires où les sujets jouent 20 périodes des traitements avec sanction ou avec récompense dans la deuxième séquence.

Graphique II.3 : Contribution moyenne dans les sessions avec sanction ou avec récompense

Sefton, Shupp et Walker observent des niveaux de contribution similaires entre les deux traitements lors des premières périodes du jeu. Dans les dernières périodes, au contraire, les niveaux de contribution diminuent brutalement dans le traitement avec récompense alors qu’ils restent relativement stables dans le traitement avec sanctions. Les auteurs concluent que les mécanismes de sanction seraient plus efficaces à long terme que les incitations par les récompenses.