2.2.3. Effet du rendement et de la taille sur les sanctions : Bowles, Carpenter et Gintis (2001)

Bowles, Carpenter et Gintis (2001) ont répliqué l’analyse de Fehr et Gachter (2000). Contrairement à Fehr et Gachter, toutes leurs sessions sont en condition étranger. Chaque session est composée de 10 périodes. Au début de chaque période du jeu, chaque sujet reçoit une dotation w=20 francs (convertis en dollars à la fin de l’expérience). Les sujets décident combien contribuer à un projet commun. Dans un deuxième temps, ils observent les niveaux de contribution des autres membres de leur groupe et ont l’opportunité de les sanctionner en leur attribuant des points de sanction. Ces points sont coûteux pour ceux qui les reçoivent mais également pour ceux qui les imposent.

Les auteurs ont étudié l’effet de la taille du groupe et du rendement marginal du bien public sur les comportements de sanction et de contribution des sujets. Les groupes sont composés de 5 sujets dans un traitement et de 10 dans un autre. Pour étudier l’effet d’une variation du rendement marginal du bien public, ce dernier est fixé à 0.3 dans un traitement et à 0.75 dans un autre. Le tableau ci-dessous résume la répartition des sujets selon la taille du groupe et le rendement marginal.

Tableau II.3 : Protocole expérimental (Bowles, Carpenter et Gintis, 2001)
  5 sujets par groupe 10 sujets par groupe
m=0.3 (SL) 7 groupes
35 sujets
(LL) 4 groupes
40 sujets
m=0.75 (SH) 6 groupes
30 sujets
(LH) 4 groupes
40 sujets

Bowles, Carpenter et Gintis observent que la propension à punir les autres membres du groupe augmente avec le rendement marginal du bien public et ne décline pas lorsque la taille du groupe s’accroît.

Graphique II.4.: Propension à punir mesurée en points moyens attribués

Les auteurs observent par ailleurs que la contribution avoisine 100% dans les grandes équipes (dix joueurs).

Graphique II.5 : Contribution moyenne avec opportunité de sanction

Les modèles présentés dans cette section ont mis en évidence l’efficacité des sanctions monétaires comme support de la coopération dans le groupe. Toutefois, ils ne permettent pas de dissocier les raisons pour lesquelles les sujets contribuent davantage lorsqu’ils reçoivent des sanctions. Deux explications peuvent être avancées : la première est que les sujets contribuent afin d’éviter les conséquences néfastes des sanctions en terme de réduction de leurs gains. La deuxième explication est qu’ils contribuent davantage afin d’éviter la désapprobation de leurs pairs, véhiculée par les sanctions.