Le jeu expérimental utilisé afin d’étudier l’efficacité des menaces d’exclusion comme support de la coopération au sein d’une équipe de travail est un jeu de contribution volontaire au financement d’un bien public. Ce jeu apparaît le plus approprié à l’étude des comportements individuels au sein d’une équipe de travail engagée dans des projets communs (voir instructions en annexe A).
Le jeu comprend trois traitements : un traitement sans possibilité d’exclusion (ES) ; un traitement avec possibilité d’exclusion sans coût direct à exclure (ESC) et enfin, un traitement avec possibilité d’exclusion avec coût direct (EC). Dans les deux derniers traitements, les sujets participent à deux projets successifs. Alors que tous les sujets peuvent participer au premier projet, seuls les sujets qui ne sont pas exclus peuvent participer au deuxième projet. L’exclusion sans coût direct signifie que le fait d’exclure un ou plusieurs autres membres du groupe ne réduit pas le gain issu du premier projet de celui qui exclut. Toutefois, les sujets qui excluent leurs pairs subissent un coût indirect à exclure dans la mesure où ils réduisent leur gain potentiel au deuxième projet. En effet, la taille du groupe au deuxième projet est amputée du nombre des sujets exclus. En revanche, l’exclusion avec coût direct signifie que les sujets qui excluent un ou plusieurs autres membres du groupe subissent non seulement le coût indirect inhérent à la réduction de la taille du groupe au deuxième projet mais également un coût direct qui réduit leur gain issu du premier projet.
L’intérêt d’étudier ces trois traitements est multiple. Le traitement (ES) sert de traitement de référence afin de tester l’efficacité des sanctions d’exclusion sur les comportements de contribution des sujets. Le traitement (ESC) permet de tester l’hypothèse d’Hirshleifer et Rasmusen (1989) selon laquelle les menaces d’ostracisme sont des menaces crédibles qui permettent de supporter la coopération au sein d’un groupe d’agents. Les auteurs se réfèrent à la notion de point focal (Schelling, 1960) pour montrer que, lorsque les sujets sont indifférents entre exclure ou non un passager clandestin, ils choisissent de l’exclure. Hirshleifer et Rasmusen admettent toutefois l’aspect arbitraire de cette démarche et mettent en évidence l’existence d’un autre équilibre qui consiste à ne jamais coopérer et à ne jamais exclure. Le traitement (ESC) permet de vérifier si les sujets vont effectivement se positionner sur l’équilibre coopératif ou non coopératif. Enfin le traitement (EC) vise à étudier la sensibilité des comportements de sanction et de contribution au coût d’exclusion.