4.3. Effet global de l’ostracisme

Quel est l'effet global de l'ostracisme sur les gains des sujets ? Il existe deux effets opposés de l’ostracisme sur les gains des joueurs. Le premier effet est positif et repose sur le fait que les menaces d’exclusion incitent les sujets à augmenter leur niveau futur de contribution. On devrait donc observer des niveaux de gains supérieurs dans les traitements avec possibilité d’exclusion. Le deuxième effet est négatif. L’idée est que lorsque l’exclusion n’est plus seulement une menace mais qu’elle est appliquée, elle réduit les gains de l’ensemble du groupe. D’une part, le gain potentiel issu du deuxième projet est réduit puisque le deuxième projet est amputé des contributions de ceux qui ont été exclus. D’autre part, l’ostracisme réduit les gains de ceux qui sont exclus et de ceux qui excluent. Quel effet l’emporte sur l’autre ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de comparer le gain moyen dans les traitements avec et sans exclusion.

RESULTAT 7 : l’opportunité d’exclusion accroît le gain des sujets.

Graphique III.11 : gain relatif de l’exclusion (possibilité d’exclusion/sans possibilité d’exclusion)

Le graphique 11 décrit la différence du profit moyen entre le traitement ES et les traitements ESC et EC normalisée au profit moyen dans le traitement ES. Il montre que l’opportunité d'exclusion accroît le gain moyen des sujets. En première période, le gain moyen des traitements avec exclusion (ESC et EC) est proche de celui du traitement ES. En revanche, le gain relatif est de 30 % plus élevé dans le traitement ESC et de 28 % dans le traitement EC à la dernière période. D’après le test non paramétrique Wilcoxon signed rank,ces différences de gain entre le traitement sans exclusion (EC) et avec exclusion (ESC ou EC) sont significatives pour l’ensemble des sessions (p<0.05). Existe-il une différence de gain significative entre les traitements ECS et EC ? La comparaison des deux traitements ne montre pas de différence significative selon le test de Wilcoxon mann Withney, p>0.05. L’existence du coût direct à exclure ne semble donc pas affecter considérablement les gains des sujets. Cette observation conforte le fait que les exclusions sont rarement appliquées et que la menace est suffisante pour faire émerger la coopération. L’effet incitatif des sanctions semble donc prévaloir.