Les travaux sur l’aversion à l’inégalité proposent d’intégrer dans une même modélisation les idées d’altruisme et d’envie. Ces modèles supposent qu’un sujet est altruiste envers ceux dont les gains sont inférieurs à un certain niveau jugé équitable et est envieux à l’égard de ceux dont les gains sont au-dessus de ce niveau. Plus précisément, un individu est averse à l’inégalité 45 s’il ressent de la désutilité à percevoir des revenus qu’il juge inéquitables (Fehr et Schmidt, 1999). Cette définition pose alors la question de savoir comment les individus jugent qu’un revenu est équitable ou non.
‘« L’iniquité existe pour une personne chaque fois que celle-ci perçoit comme inégal le rapport entre sa contribution et ses résultats par comparaison avec les contributions et les résultats d’une autre personne » Adams 1965, Inequity in Social exchange, Advances in Experimental Psychology, Academic Press ’Le revenu de référence, généralement utilisé pour évaluer une situation donnée, fait lui-même l’objet d’un processus complexe de comparaisons sociales.La prise en compte des comparaisons sociales comme élément fondamental pour expliquer le comportement des individus a fait l’objet d’un certain nombre de travaux en psychologie sociale (Homan, 1961, Adam, 1963, 1965) et en sociologie (Davis, 1959, Pollis, 1968). Adams (1963, 1965) propose une théorie de l’équité qui s’appuie sur les travaux d’Homan (1961). La théorie de l’équité repose sur l’hypothèse que chaque agent rationnel s’investit dans une relation sociale tant que les avantages qu’il en retire sont proportionnels à ses investissements. Tout déséquilibre se traduit par un sentiment d’iniquité. L’insatisfaction, née d’une iniquité relative ressentie, doit alors se traduire par une modification des attitudes ou des comportements. Selon Adams, un salarié i apprécie les avantages A i qu’il retire de son emploi en fonction des contributions C i qu’il fournit, relativement à ceux des autres salariés. Ainsi compare t-il son ratio A i /C i à celui de ses collègues de travail j A j /C j .
Des études empiriques ont également mis en évidence l’importance des considérations sur les gains relatifs. Clark et Oswald (1996) montrent que les comparaisons de revenu ont un impact significatif sur la satisfaction dans l’emploi. Loewenstein, Thompson et Bazerman (1989) ont étudié l’importance des gains relatifs à partir d’une étude en psychologie expérimentale. Les sujets reçoivent un salaire fictif et observent les salaires des autres sujets. Ils doivent alors classer par rang les salaires différents de leur propre salaire. A partir de cette étude, les auteurs estiment l’importance qu’attachent les individus aux gains relatifs. Ils observent que les sujets ont une aversion forte pour l’inégalité à leur désavantage mais également dans une moindre mesure de l’aversion pour l’inégalité à leur avantage.
Fehr et Schmidt utilisent également le terme d’aversion pour l’iniquité.