Fehr et Schmidt (1999) définissent l’aversion à l’inégalité autocentrée de la façon suivante : une personne ressent de l’aversion à l’inégalité lorsqu’elle ressent de la désutilité à percevoir des gains inférieurs à ceux des autres (inégalité à son désavantage) et/ou à percevoir des gains supérieurs à ceux des autres (inégalité à son avantage). Les auteurs supposent que les agents sont davantage sensibles à l’inégalité désavantageuse qu’à l’inégalité avantageuse. L’aversion à l’inégalité est auto-centrée si une personne est uniquement sensible à l’iniquité qu’elle ressent vis à vis des autres mais ne se préoccupe pas de l’iniquité qui existe entre les autres. Contrairement aux modèles d’apprentissage qui relâchent l’hypothèse de rationalité et supposent que tous les sujets sont uniquement motivés par leurs stricts gains pécuniaires (Roth et Erev, 1995), Fehr et Schmidt introduisent de l’hétérogénéité en supposant que les individus pussent être motivés par des considérations sociales tout en conservant l’hypothèse de rationalité.
Soient n joueurs indexés par i 1,…,n et x=(x 1 ,…x n ) le vecteur des gains monétaires. La fonction d’utilité du joueur i1,…,n est donnée par :
Le premier terme de l’équation (5) représente le gain du joueur i. Le deuxième terme traduit la perte d’utilité inhérente à l’inégalité désavantageuse ressentie (x j >x i ) tandis que le troisième terme mesure la perte d’utilité inhérente à l'inégalité avantageuse ressentie (x j <x i ). Le gain de l’individu i est alors maximisé pour x j =x i . La perte d’utilité inhérente à l'inégalité désavantageuse est supérieure à celle inhérente à l’inégalité avantageuse Pour simplifier, les auteurs supposent que la fonction d’utilité est linéaire en gain et en aversion à l’inégalité. Lorsque les fonctions de gain des agents sont connaissance commune, ils peuvent alors anticiper les conséquences de chacune des stratégies possibles et l’aversion à l’inégalité peut alors affecter leurs décisions.