3.2. Modèle avec pression des pairs

Considérons maintenant un jeu séquentiel où les agents ont l'opportunité de punir leurs pairs en leur attribuant des sanctions. Dans une première étape, les sujets décident simultanément de coopérer ou pas à la production de l’output. Dans une deuxième étape, ils décident simultanément de sanctionner ou pas leurs pairs. A l’instar d’Hirshleifer et Rasmusen (1989), on considère que les décisions de coopération et de sanction sont discrètes (coopérer ou ne pas coopérer ; sanctionner ou ne pas sanctionner). Comme on l’a vu dans le chapitre 1, dans les modèles de pression des pairs sans aversion à l’inégalité, la coopération ne peut pas théoriquement émerger lorsque sanctionner est coûteux car les menaces de sanction ne sont pas crédibles. En effet, en deuxième étape du jeu personne n’est incité à sanctionner puisque cela est coûteux. En première étape du jeu, les joueurs ne coopèrent pas puisqu’ils anticipent qu’ils ne seront pas sanctionnés à l’étape suivante. La stratégie d’équilibre parfait en sous jeu consiste à ne jamais coopérer et à ne jamais sanctionner.

En revanche, si l’on considère que les joueurs sont averses à l’inégalité, alors la coopération peut émerger sous certaines conditions. La coopération repose sur le fait que la sanction devient crédible si les sujets sont suffisamment averses à l’inégalité. L’idée est la suivante : en deuxième étape du jeu, il existe un gain pour un coopérateur suffisamment averse à l’inégalité, à sanctionner un passager clandestin afin de réduire l’inégalité désavantageuse ressentie.