Ophtalmoscopie à balayage laser

L’ophtalmoscopie à balayage laser, ou Scanning Laser Ophthalmoscopy (SLO), est une technique d’examen du fond d’œil développée au début des années 1980 par Webb et ses collaborateurs et qui consiste à réaliser une mesure de la réflexion d’une petite surface de rétine de seulement quelques m2 au moyen d’un appareil capable de mesurer de très faibles flux lumineux. Les dispositifs d’illumination et d’observation sont solidaires de sorte que la surface rétinienne éclairée au moyen d’un fin faisceau laser argon ou hélium-néon extrêmement directif est strictement limitée à la surface observée (la divergence du faisceau est de seulement quelques secondes d’arc contrairement aux rayonnements des sources habituellement utilisées en ophtalmoscopie). Ceci permet de minimiser les risques d’éblouissement et de phototraumatisme. Un balayage horizontal (de gauche à droite) et vertical (de haut en bas) de la rétine de l’ordre de 25 images de 625 lignes par seconde, permet de réaliser une exploration successive de points rétiniens voisins (Le Gargasson, 1999 ; Le Gargasson, Rigaudière, Gautier & Grall, 1997). C’est l’affichage des mesures photométriques mémorisées de ces différentes microsurfaces qui reconstitue l’image complète du fond d’œil. La présence d’un photo-multiplicateur très sensible qui collecte et amplifie la lumière réfléchie par la rétine, permet d’obtenir une image bien contrastée du fond d’œil, tout en utilisant des niveaux lumineux encore confortables pour le patient. Les dispositifs les plus récents couvrent un angle d’observation de 10 à 60°.

Plus récemment, le SLO a été équipé de plusieurs sources laser dont l’intensité est modulable indépendamment l’une de l’autre. Ainsi, une des sources, en général infrarouge (793 nm), invisible au sujet et d’intensité constante, est réservée à la visualisation du fond d’œil, tandis que l’autre (en général de type He-Ne), d’intensité modulable, sert de stimulateur en traçant sur la rétine 25 images par seconde, perçues par le patient comme une image animée. Dans le cas d’ophtalmoscope à source laser unique, il est également possible de présenter une stimulation, mais, dans ce cas, le champ d’exploration est nécessairement illuminé.

Du fait de la superposition de tests psychophysiques sur le fond d’œil et de leur visualisation simultanée, il est donc dorénavant possible de corréler lésions rétiniennes et performances visuelles en réalisant au moyen du SLO la mesure de l’acuité visuelle (Van de Velde, 1997) et l’examen périmétrique, statique ou dynamique (Mainster et al., 1982). Il sous-tend également l’examen des mouvements oculaires impliqués dans la lecture ou dans l’exploration de scènes complexes (recherche visuelle d’une cible parmi des distracteurs, illusions visuelles, visages…) chez des sujets sains (Cohen, Le Gargasson, Gautier & Grall, 1997) ou porteurs de lésions rétiniennes. Le SLO constitue de ce fait un outil d’exploration anatomo-fonctionnelle puissant et précis.