Chapitre II. Identification d’images : fréquences spatiales critiques et stratégies comportementales développées

La problématique générale dans laquelle ces études s’inscrivent est d’évaluer la vision fonctionnelle de patients atteints de DMLA qui ne peut être limitée à la seule mesure de l’acuité visuelle. Le terme “ vision fonctionnelle ” réfère aux capacités visuelles dont le patient dispose pour interagir avec son environnement. Par ailleurs, l’avènement ces dernières années de l’audiovisuel (télévision, cinéma), de la publicité et de l’imprimerie confère une place considérable à l’image dans notre société actuelle. Il convient donc de ne plus restreindre l’examen de la vision fonctionnelle aux stimulus alphanumériques mais d’utiliser des stimulations plus “ naturelles ”, bien que plus complexes. Ainsi, nous nous interrogeons sur les processus de bas niveau qui sous-tendent l’activité visuelle de haut niveau que constitue l’identification d’images. Pour ce faire, il est nécessaire d’explorer, entre autres choses, la sensibilité au contraste, la vision spatiale, et, plus généralement, la perception des formes.

L’une des premières opérations du système visuel est d’encoder l’image en termes de contraste, c’est-à-dire de différence de luminance relative entre des surfaces adjacentes (cf chapitre II de la première partie). Cette tâche est réalisée à diverses résolutions ou par des canaux de fréquences spatiales correspondant chacun à un niveau de détails spécifique de l’image. Du fait du caractère multicanal du traitement fréquentiel visuel, abordé dans le chapitre II, les fréquences spatiales constituent une variable pertinente pour étudier l’identification de formes : quelle est la gamme de fréquences spatiales critiques sous-tendant cette activité ? Quelles sont par ailleurs les stratégies comportementales mises en œuvre par les patients malvoyants afin d’optimiser leurs performances ? Chacune de ces interrogations a fait l’objet d’investigations particulières décrites dans ce chapitre.