Vitesse de traitement versus distance ordinale

L’hypothèse de l’incertitude spatiale prédit que la vitesse de traitement du stimulus dépend de la séparation entre les pastilles. Quand deux pastilles sont adjacentes sur le cercle virtuel, elles devraient être plus rapidement perceptibles et donc comparables que quand elles sont distantes. Nous avons donc analysé à nouveau les vitesses de traitement des patients et des sujets témoins, uniquement pour les conditions de présentation de deux pastilles, en fonction de leur séparation sur le cercle virtuel. Il y a 8 emplacements possibles sur ce cercle, si bien que la séparation ordinale entre les pastilles peut varier entre 1 (adjacent) et 4 (aux antipodes sur le cercle). La figure III-7 montre les vitesses de traitement pour les patients et les témoins, en fonction de la séparation ordinale des deux pastilles. Pour chacun des deux groupes de sujets témoins dont le champ visuel central est intact, les vitesses sont indépendantes de la séparation, malgré une différence due à l’âge 43 . Ainsi, l’incertitude spatiale ne semble pas expliquer l’augmentation des vitesses avec le nombre de distracteurs pour ces deux populations, suggérant que la configuration peut être à l’origine de l’amélioration de leurs performances. Inversement, les vitesses de traitement des patients atteints de DMLA diminuent avec la séparation ordinale (F(3, 24) = 2.958, p = 0.05). Ceci suggère que l’incertitude spatiale doit influencer leur comportement de recherche visuelle.

Figure III-7 : Vitesses de traitement en fonction de la distance ordinale séparant les pastilles pour les patients et les sujets témoins. Une distance ordinale égale à 1 signifie que les pastilles sont adjacentes alors qu’elles sont aux antipodes sur le cercle virtuel lorsque la distance est égale à 4.

L’étendue de l’atteinte du champ visuel a un effet sur la vitesse en fonction de la séparation des pastilles puisqu’une interaction entre ces deux paramètres est observée (F(6, 24) = 2.686, p = 0.39). Cette interaction provient essentiellement du groupe qui présente une atteinte intermédiaire du champ visuel (quadranopsie), pour lequel la vitesse décroît de façon significative avec la distance ordinale séparant les pastilles (F(3, 24) = 6.603, p = 0.002) (Fig. III-8).

Figure III-8 : Vitesses de traitement en fonction de la distance ordinale séparant les pastilles et selon le type d’atteinte du champ visuel des patients atteints de DMLA : globale, centrale ou intermédiaire (quadranopsie).

Notes
43.

les vitesses sont plus rapides pour les sujets témoins jeunes.