4- Les mesures cliniques standards sont-elles révélatrices des performances visuelles de plus haut niveau ?

Il est admis que l’acuité visuelle fovéale est limitée par la densité de la mosaïque des photorécepteurs, ou, en d’autres termes, par l’espacement entre des cônes adjacents (Williams, 1985). Or, Wang et ses collaborateurs rappellent que selon le théorème d’échantillonnage, pour diminuer de moitié l’acuité de résolution, la densité d’échantillonnage doit être réduite approximativement de 75% (Wang, Wilson, Locke & Edwards, 2002). Ainsi, une majorité de photorécepteurs présents dans la fovéa doit dégénérer ou dysfonctionner avant qu’une baisse significative de l’acuité visuelle soit notée. Pour cette raison, les tests standards d’acuité visuelle ne semblent pas être très adaptés pour quantifier un déficit fonctionnel chez les patients atteints de DMLA, notamment à un stade précoce. Cependant, même à un stade avancé de la pathologie, il a été montré que les patients pouvaient conserver une acuité visuelle relativement bonne (Sunness et al., 1997). De plus, le système visuel humain subit diverses modifications structurelles et fonctionnelles liées à l’avancée en âge, diminuant l’acuité visuelle et la sensibilité au contraste (Elliott et al., 1995 ; Owsley et al., 1983), ce qui contribue à remettre en cause la pertinence des mesures cliniques standards pour détecter ou suivre l’évolution de la vision fonctionnelle, notamment lors de DMLA.

Dans nos études, les performances d’identification ne sont pas corrélées de façon évidente et stable avec les mesures d’acuité visuelle et de sensibilité au contraste. Cette dernière semble toutefois rendre mieux compte que l’AV de la vision fonctionnelle des patients, mais plus tardivement par rapport au test expérimental. Identification d’images et sensibilité au contraste sont en effet souvent corrélées, mais seulement trois mois après traitement. La tâche d’identification semble donc être plus sensible que les tests cliniques standards pour fournir des indications sur la vision fonctionnelle des patients. A ce titre, ce test semble plus performant pour détecter dès un stade précoce une DMLA, ou pour suivre son évolution sur la vision. Notons par ailleurs, que le faible pouvoir informatif de l’AV sur la perte visuelle précoce survenue en conséquence d’une dégénérescence maculaire a également été mis en évidence par Wang et ses collaborateurs (2002) au moyen d’une tâche de discrimination de formes.