4. Conclusion: l’interprÉtation comme problÈme de gestion

Dans ce chapitre, nous avons vu (voir section 1 du présent chapitre) qu’on peut examiner les difficultés de l’interprétation à partir des fautes de contenu ou de forme dans le discours d’arrivée. Parmi les imperfections formelles, la présente étude examine les variables temporelles, en particulier les pauses, considérées comme des indices d’hésitation du moment où elles deviennent particulièrement fréquentes et longues.

Les difficultés intrinsèques de l’interprétation tiennent aux contraintes qui la caractérisent. En fait, elle comporte la nécessité d’assimiler un discours et de le restituer, dans un délai court, en une autre langue. D’ailleurs, dans la mesure où l’interprétation se déroule souvent dans des contextes spécialisés, il est fort possible que l’interprète ne connaisse pas la matière au même niveau que les orateurs et l’auditoire pour lesquels il travaille.

Sur cette toile de fond, les modèles d’Efforts représentent la coordination des opérations cognitives activées pendant l’interprétation. En particulier, ils mettent en exergue la nécessité de partager entre plusieurs Efforts une capacité de traitement limitée. Ils illustrent également la possibilité d’une panne du processus d’interprétation, qui survient dans deux cas: il s’agit ou de la saturation de la capacité de traitement totale, ou de l’insuffisance de la capacité de traitement affectée à l’un des Efforts.

Le chapitre suivant examine les commentaires rétrospectifs d’un échantillon d’étudiants en interprétation, au regard des pauses d’hésitation marquées pendant une interprétation consécutive. Cela permettra d’observer comment les interprètes perçoivent les contraintes et les difficultés de l’interprétation. Par la suite, nous considérerons quelles compétences contribuent à la gestion de ces difficultés.