3. MÉthodologie: Recueil du matÉriel

3.1 Sujets

Trois groupes, de 15 sujets chacun, ont participé à l’étude. Les groupes représentent différents niveaux de formation/expérience, à savoir:

  1. étudiants débutants (sujets nos. 1-15) ;
  2. étudiants avancés (sujets nos. 16-30) ;
  3. interprètes professionnels (sujets nos. 31-45).

La combinaison linguistique de tous les sujets est « italien langue A/ anglais langue B », à une exception près (sujet n° 40, bilingue anglais/italien). La participation de tous les sujets a été volontaire.

Dans les universités italiennes, le cursus de traduction et d’interprétation comporte un cycle préparatoire, plus ou moins comme le premier cycle des universités françaises, qui commence dès le baccalauréat. Il s’agit d’un cycle préparatoire (1ère et 2e années), suivi d’un cursus spécialisé (3e et 4e années) (voir ch. 5, section 3). Dans notre étude, les étudiants débutants et avancés étaient inscrits en 3e année et en 4e année respectivement. Les débutants commençaient seulement à faire des excercices d’interprétation ; les étudiants avancés en faisaient depuis au moins un an.

Étant donné les objectifs de l’étude, il a paru important d’inclure dans l’échantillon non seulement des étudiants en interprétation, mais également des interprètes professionnels. D. Gile (1995c: 20) observe que l’accessibilité des interprètes professionnels, en tant que sujets des recherches sur l’interprétation, est limitée. Cette observation s’accorde avec les remarques d’autres auteurs, sur le manque de recherches « sur le terrain » et la difficulté de disposer d’échantillons représentatifs (Stenzl 1983: 47 ; Lambert & Moser-Mercer 1994: 5 ; Pöchhacker 1995c: 60 ; Schjoldager 1995: 68 ; Déjean Le Féal 1998: 42).

La caractérisation sommaire de l’échantillon comprend les précisions suivantes:

  • - Étudiants:

Des 30 étudiants (27 f., 3 h.), 25 (23 f., 2 h.) étaient inscrits à l’École d’Interprètes et de Traducteurs de l’Université de Bologne (Italie), et 5 (sujets numéros 11-15: 4 f., 1 h.) à l’École d’Interprètes et de Traducteurs de l’Université de Trieste (Italie).

  • - Interprètes professionnels:

Des 15 interprétes (12 f., 3 h.), 10 exerçaient l’activité professionnelle depuis plus de 10 ans ; 5 (sujets nos. 31-35) étaient diplômés depuis moins de 5 ans. Parmi ceux-ci, les sujets nos. 31, 32 et 35 avaient déjà au moins 3 ans d’expérience professionnelle, y compris (sujets nos. 32 et 35) des engagements périodiques auprès du Service Commun Interprétation-Conférences (SCIC) de la Commission Européenne ; les interprètes les moins expérimentés étaient les sujets nos. 33 et 34, diplômés depuis un peu plus d’un an. A part ces derniers, l’expérience professionnelle différencie donc de façon nette les interprètes par rapport aux étudiants de niveau avancé.

A cet égard, X. Cai (2000 ; voir 5.2.3), qui compare des interprétations du chinois vers le français, réalisées par des sujets à trois niveaux d’apprentissage et d’expérience (débutants, étudiants avancés, interprètes professionnels), identifie, pour toutes les variables prises en considération (y compris la durée des pauses), des différences plus importantes entre les interprètes professionnels et les étudiants avancés qu’entre ces derniers et les étudiants débutants. M. Liu (2001) compare elle aussi des étudiants et des interprètes professionnels, dans l’interprétation simultanée du mandarin vers l’anglais de trois discours. L’échantillon de Liu comprend 13 interprètes professionnels, 12 étudiants avancés et 11 étudiants débutants. L’analyse a porté entre autres sur des phrases considérées comme « critiques » et sur les phrases « de continuation » qui les suivaient. L’interprète ne comprenait ces dernières qu’à condition d’avoir compris les 3-4 premiers mots – c’est-à-dire, des mots qu’il entendait avant d’avoir terminé la restitution de la phrase précédente. Cela a permis d’évaluer l’intervention de la mémoire de travail. Liu a constaté que les différences entre les étudiants débutants et avancés étaient marginales, alors qu’il y avait des différences nettes entre les étudiants et les interprètes professionnels.