3.3 Les discours source et le « briefing » prÉliminaire

Cette section présente les deux discours de départ. La présentation de chaque discours consiste en les textes suivants:

Les transcriptions et les traductions, tout en reflétant le caractère oral de l’original, ne le calquent pas mot à mot. La ponctuation et l’orthographe standard ont été utilisées, sans notation des pauses.

Le discours source en anglais est le début d’un cours sur l’attitude du Royaume-Uni vis-à-vis de l’Europe et de l’intégration européenne. L’orateur est un professeur anglais, qui a parlé en novembre 1997 devant un auditoire d’étudiants italiens. La durée de l’enregistrement est de 3’ 50”.

Juste avant l’écoute du discours source, les sujets ont été invités à lire les informations préalables contenues dans le texte suivant:

Presentation of the speech to be interpreted consecutively into Italian:

This is the first part of a speech by a British historian to an audience of Italian students. The subject is 'Britain and Europe', and the speaker initially describes Britain's attitude to Europe in the post-war period. He refers to events in the late forties, actually listed on a handout (a speech by Churchill in Zurich, the Brussels Treaty and the setting up of the Council of Europe).

The speech is delivered ‘off the cuff’, the duration of the selected extract being less than 4 minutes.’

La traduction des informations préalables est reproduite ci-dessous:

Présentation du discours pour l’interprétation consécutive en italien:

Il s’agit du début d’un cours, tenu par un historien britannique devant un groupe d’étudiants italiens. Le thème est 'La Grande-Bretagne et l’Europe'. Dans cette partie initiale du cours, l’orateur décrit l’attitude britannique vis-à-vis de l’Europe dans l’après-guerre. Il évoque des événements de la fin des années quarante, dont la liste complète a été fournie aux auditeurs sur une feuille photocopiée (un discours de W. Churchill à Zurich, le Traité de Bruxelles et la création du Conseil d’Europe).

Le discours est prononcé sans texte. L’extrait que vous écouterez dure moins de 4 minutes. ’

La transcription du discours anglais est présentée dans les paragraphes suivants:

‘The last time that I was in a simultaneous translation situation, it was in Brussels, at a committee of the European Union, and I heard the translator saying, 'This man is talking too fast and I think he’s talking nonsense'. So if I talk too fast or if I use obscure words, please do, as suggested, interrupt in any way and we can have questions afterwards.

I have to give you a very apologetic lecture ; I’ve got to apologize for my country for its diplomatic stupidity, I think, as I shall show, over the last 50 years in relation to Europe.

I think that the story I’m going to tell you has a happy ending, or there’s a chance of it having a happy ending, but meanwhile I just have to apologize, in a sense, for what my country and its leaders have done, people of all parties, in relation to European politics over the last 50 years. Now what I’m going to do is to go very fast through the list of dates on the handout I have given you and then I’m going to try and seek explanations for what has happened in Europe. Britain has been an awkward partner in relation to Europe, before and since we became members of the European Economic Community and now the European Union.

The first date I put on my list was 1946, Winston Churchill’s speech in Zurich, where he called for a United States of Europe. And then he said, but he meant that just for the Europeans, and Britain of course doesn’t really quite know whether it’s in Europe or not ; Europe begins at the English Channel, in a large amount of English discourse about politics. We didn’t think that we wanted, or we were not prepared to involve ourselves fully in Europe. In 1948, there was the Brussels Treaty, a defensive treaty, with the Benelux countries and France, and the Council of Europe was set up. The French wanted the Council of Europe to be in some degree supranational, but the British insisted on it being purely international. And so we were reluctant when people were trying to get on with things then.

The British at that stage, I think, had the arrogance to believe that they were still the richest country in Europe, less damaged by the war than any other Western European country, and that the wretched Europeans were trying to import our strength to compensate for their weakness. Now, of course, the tables were fairly rapidly turned. And the rate of economic growth in Western Europe in the course of the 1950’s turned Britain from the top nation in Europe, in terms of economic measurements, economic success, into a relatively middle of the road nation, in terms of economic success. We were dropping down the growth league all the time. But we didn’t recognize that at the beginning, when we were being difficult. ’

La traduction du discours anglais, laquelle maintient le caractère peu « construit » de l’original, est la suivante:

‘La dernière fois que j’ai eu une expérience de l’interprétation simultanée, je me trouvais à Bruxelles, dans le cadre d’un comité de l’Union Européenne, et j’ai entendu le traducteur qui disait, « Cet homme-ci parle trop vite et je crois qu’il dit des bêtises ». Donc, si je parle trop vite ou que j’utilise des mots obscurs, je vous en prie, comme [le président de la séance a] suggéré, interrompez-moi n’importe comment et nous diposerons d’un peu de temps pour des questions par la suite.

Il faut que je présente surtout des excuses dans mon cours ; il faut que je m’excuse, au nom de mon pays, pour la stupidité qui a caractérisé sa diplomatie, je pense, comme je vais vous illustrer, dans les relations qu’elle a entretenues avec l‘Europe au cours des 50 dernières années.

Je pense que l’histoire que je vais vous raconter a un happy end, ou bien qu’il y a des chances pour qu’elle finisse bien, mais entre-temps il faut simplement que je m’excuse, en un certain sens, de ce qu’ont fait mon pays et ses leaders, des représentants de tous les partis, dans le domaine de la politique européenne pendant les 50 dernières années. Bien, ce que je vais faire c’est de très vite parcourir la liste de dates sur la feuille photocopiée que je vous ai donnée et, par la suite, j’essaierai de chercher des explications pour tout ce qui s’est passé en Europe. La Grande-Bretagne a été un partenaire incommode envers l’Europe, avant et après notre adhésion à la Communauté Économique Européenne, l’Union Européenne actuelle.

La première date que j’ai indiquée sur ma liste a été 1946, le discours de Winston Churchill à Zurich, où il a demandé la création des États-Unis d’Europe. Et pourant il a dit ensuite qu’il ne proposait cela que pour les Européens, et la Grande-Bretagne ne sait bien sûr tout à fait pas si elle fait partie de l’Europe ou pas ; l’Europe commence au-delà de la Manche, dans de nombreux discours anglais sur la politique. Nous ne nous sentions pas motivés, ou nous n’étions pas disposés à nous engager pleinement en Europe. En 1948, il y a eu le Traité de Bruxelles, un traité de défense, avec les pays du Benelux et la France, et le Conseil d’Europe a été créé. Les Français voulaient que le Conseil d’Europe soit dans une certaine mesure supranational, mais les Britanniques ont insisté pour qu’il soit simplement international. Nous étions donc peu convaincus à cette époque-là, quand les autres cherchaient à travailler de façon concrète.

Les Britanniques à ce moment-là, je pense, avaient l’arrogance de croire encore habiter dans le pays le plus riche d’Europe, moins endommagé par la guerre que toute autre nation de l’Europe occidentale, et de penser que les pauvres Européens cherchaient à importer nos forces pour compenser leur faiblesse. A ce moment-là, bien sûr, la situation a été assez rapidement renversée. Et le taux de croissance économique en Europe Occidentale a fait que pendant les années 50 la Grande-Bretagne a cessé d’être la première nation d’Europe, en termes de paramètres économiques, de succès ྿économique ; elle est devenue une nation relativement moyenne, en termes de succès économique. Nous continuions à glisser vers le bas de la classification des nations à croissance forte. Mais nous ne reconnaissions pas cela au début, quand nous maintenions une attitude difficile. ’

Le résumé du discours anglais (tableau 6) identifie les dix points suivants:

n°: concept:
1 plaisanterie d’ouverture: j’espère ne pas parler trop vite pour mes jeunes interprètes !
2 je m’excuse au nom du Royaume-Uni, pour son comportement envers l’Europe au cours des 50 dernières années
3 à titre d’exemple, je parcourrai une liste de dates et d’événements
4 1ère date (1946): évocation des « États-Unis d’Europe » par Churchill
5 mais le Royaume-Uni, justement, n’a jamais su s’il fait partie de l’Europe !
6 2e date (1948): Traité de Bruxelles (défense) ; constitution du Conseil d’Europe
7 la France voulait un Conseil d’Europe supranational, le Royaume-Uni voulait un organisme international
8 attitude difficile du Royaume-Uni dès lors
9 le Royaume-Uni arrogant: se croyait plus fort que les autres pays européens (et donc, «courtisé » par eux) à l’issue de la Deuxième Guerre Mondiale
10 mais la croissance économique des années 50 a relégué le Royaume-Uni à une position secondaire
  • Discours source en italien:

Le discours source en italien est la partie initiale d’une conférence, tenue par un journaliste italien en octobre 1995, devant un auditoire de dirigeants industriels. La durée est de 3’ 40”.

Juste avant l’écoute du discours source, les sujets ont lu le texte suivant, contenant des informations préalables

Presentazione del discorso oggetto dell'esercizio di Consecutiva dall'italiano verso l'inglese :

Si tratta della parte iniziale di una relazione, da parte di un esperto di Storia Contemporanea, riguardante la situazione mondiale negli ultimi decenni del '900. In quest'introduzione all'argomento, il relatore parla della guerra arabo-israeliana del 1973 e del conseguente aumento dei prezzi del petrolio (la ‘crisi del petrolio’, o lo ‘choc petrolifero’). Ne analizza gli effetti pressoché immediati in Iran, dove si verificò un processo di modernizzazione accelerata con risvolti anche negativi.

Il discorso, realizzato senza testo, è rivolto ad un gruppo di industriali operanti nei paesi mediterranei.

La durata della registrazione è di 4 minuti circa. ’

La traduction des informations préalables est reproduite ci-dessous:

Présentation du discours pour l’interprétation consécutive en anglais:

Il s’agit de la partie initiale de l’intervention d’un expert en Histoire Contemporaine, concernant la situation mondiale au cours des dernières décennies du 20e siècle. Dans cette introduction au thème de l’intervention, l’orateur parle de la guerre arabo-israélienne de 1973 et de la hausse des prix du pétrole qu’elle a provoquée (la « crise du pétrole », ou le « choc du pétrole »). L’orateur en analyse les effets à peu près immédiats en Iran, où elle a déclenché un processus de modernisation accélérée avec des retombées qui n’étaient pas toujours positives.

Le discours, prononcé sans texte, s’adresse à un groupe d’industriels opérant dans les pays méditerranéens.

La durée de l’enregistrement est de 4 minutes environ. ’

Le texte suivant est la transcription du discours italien:

‘Signor Presidente, Signore e Signori, grazie Signor Presidente, ho avuto la tentazione di credere a tutte le sue parole.

Il compito che mi è stato assegnato, quest’ oggi, quello di dare un’occhiata al prossimo millennio è naturalmente complicato. Io vi propongo di partire dall’area con cui abbiamo maggiore familiarità e in cui molti di loro hanno interessi di lavoro: partiamo in altre parole dall’area mediterranea e medio-orientale e cerchiamo poi di allargare progressivamente lo sguardo verso altre zone del mondo, da cui naturalmente e ugualmente dipendono i nostri interessi. Per prendere in considerazione l’area mediterranea e medio-orientale, io vi propongo come punto di partenza la grande crisi del 1973. E cercherò di spiegarvi perché sono convinto che essa abbia fortemente modificato gli equilibri della regione.

Nel 1973, come ricorderete, vi fu una guerra arabo-israeliana e, alla fine di questa guerra, il mondo arabo si riunì, formò una sorta di blocco politico-economico, fece leva sui paesi produttori di petrolio e utilizzò l’arma del petrolio per indurre l’occidente a rivedere radicalmente i termini di scambio fra il mondo fortemente sviluppato e industrializzato e il mondo in via di sviluppo. Avemmo così, come ricorderete, il grande choc petrolifero: fra il settembre del 1973 e il dicembre di quell’anno, i prezzi del petrolio crebbero di quattro volte.

E fu certamente quella una delle ragioni per cui le società dei paesi avanzati attraversarono, negli anni successivi, una forte crisi di assestamento. Una crisi economica, ma anche, per la coincidenza con fattori di grande turbolenza sociale, una vera e propria crisi di società. Quell’avvenimento, lo choc petrolifero del 1973, ebbe una serie di ripercussioni qualitativamente diverse, che investirono tutta l’area. Uno dei paesi che ne beneficiò maggiormente, fu naturalmente l’Iran. L’Iran era un paese alleato dell’occidente, anzi per certi aspetti era, insieme a Israele e all’Arabia Saudita, il paese 'sentinella' dell’area medio-oriental, per conto degli Stati Uniti in particolar modo.

Ma lo Scià d’Iran, naturalmente, colse il vantaggio che veniva dall’aumento del prezzo del petrolio, lo sostenne, lo appoggiò, lo favorì e ne trasse larghi benefici per lo sviluppo del suo paese. E così noi assistemmo negli anni successivi in Iran ad un’accelerazione del processo di modernizzazione che aveva caratterizzato il paese negli anni precedenti. Ebbene quell’accelerazione del processo di modernizzazione iraniano fu per certi aspetti la condanna del regime. Fu il rapido processo di accelerazione, a partire dalla straordinaria ricchezza che era entrata nelle casse dell’Iran con lo choc petrolifero del 1973, che accentuò tutti gli squilibri, tutte le ineguaglianze, tutte le profonde ingiustizie che sono sempre e inevitabilmente il risultato di un processo di modernizzazione accelerata, soprattutto in paesi fortemente arretrati. ’

La traduction du discours italien se trouve ci-dessous:

‘Monsieur le Président, Messieurs et Mesdames, merci, Monsieur le Président, j’ai été tenté de croire tous vos propos.

La tâche qui m’a été confiée aujourd’hui, qui consiste à jeter un coup d’oeil au prochain millénaire, est naturellement compliquée. Je vous propose de partir de la région que nous connaissons le mieux et dans laquelle beaucoup d’entre vous ont des intérêts de travail: nous allons partir, en d’autres termes, de la région méditerranéenne et du Moyen-Orient et nous allons chercher par la suite d’élargir progressivement notre perspective vers d’autres régions du monde, dont nos intérêts dépendent naturellement autant. Pour prendre en considération la région méditerranéenne et du Moyen-Orient, je vous propose comme point de départ la grande crise de 1973. Et je chercherai à vous expliquer pourquoi je suis persuadé qu’elle a fortement modifié les équilibres de la région.

En 1973, vous vous souviendrez, il y a eu une guerre arabo-israélienne et, à l’issue de cette guerre, le monde arabe s’est réuni, il a formé une espèce de bloc politique et économique, il a fait valoir à travers les pays producteurs du pétrole son pouvoir de négociation et il a utilisé l’arme du pétrole pour amener l’Occident à revoir de façon radicale les conditions du commerce entre le monde fortement développé et industrialisé et le monde en voie de développement. De cette façon nous avons eu, vous vous souviendrez, le grand choc du pétrole: de septembre 1973 à décembre de la même année, les prix du pétrole ont quadruplé.

Et cela a été certainement une des raisons pour lesquelles les societés des pays avancés ont traversé, dans les années suivantes, une crise déclenchée par la nécessité de s’adapter. Une crise économique, mais également, étant donné que cela a coïncidé avec des facteurs responsables d’une turbulence sociale, une véritable crise de la societé. Cet événement, le choc du pétrole de 1973, a eu une série de répercussions qualitativement diverses, qui se sont abattues sur toute la région. Un des pays qui en ont bénéficié le plus a été naturellement l’Iran. L’Iran était un pays non seulement allié à l’Occident, sous certains aspects c’était, avec l’Israël et l’Arabie Saudite, le pays 'sentinelle' de la région du Moyen-Orient, pour le compte des États-Unis en particulier.

Mais le Shah d’Iran, naturellement, a saisi l’avantage qui découlait de la hausse du prix du pétrole, il l’a soutenu, il l’a appuyé, il l’a promu et il en a obtenu des bénéfices importants pour le développement de son pays. Et de cette façon nous avons assisté pendant les années suivantes, en Iran, à une accélération du processus de modernisation qui caractérisait le pays depuis quelques années. Toutefois, cette accélération du processus de modernisation en Iran a représenté, sous certains aspects, la condamnation à mort du régime. Le processus rapide d’accélération, à partir des richesses extraordinaires qui étaient entrées dans les coffres de l’Iran à l’occasion du choc du pétrole en 1973, a accentué tous les déséquilibres, toutes les inégalités, toutes les injustices profondes qui sont toujours, inévitablement, le résultat d’un processus accéléré de modernisation, surtout dans des pays fortement arriérés. ’

Enfin, le résumé du discours italien (tableau 7) met en exergue les dix points suivants:

n°: concept:
1 remerciement initial
2 pour parler du prochain millénium, je partirai de la Méditerranée et du Moyen-Orient
3 le point de départ est la crise de 1973, et ses effets sur les équilibres internationaux
4 1973: guerre arabo-israélienne, « cartel » des pays producteurs du pétrole
5 quadruplication des prix du pétrole et conséquences économiques pour les sociétés industrialisées
6 bénéfices pour les pays producteurs du pétrole, y compris l’Iran
7 la position de l’Iran jusqu’alors était pro-occidentale
8 le Shah d’Iran a profité de l’occasion pour accélérer la modernisation du pays
9 cela a représenté la condamnation à mort de son régime
10 l’accroissement de la richesse en Iran a accentué les inégalités sociales, qui caractérisent surtout les pays en voie de développement