1.1 la DurÉe des pauses par minute

Le tableau 12 indique la durée moyenne des pauses par minute pour chaque sujet. Étant donné ses dimensions, le tableau est divisé en trois parties.

sujet n° pauses en italien pauses en anglais
(groupe) pleines vides total pleines vides total
1 (ét. 3e) 13,22 4,73 17,95 8,64 12,58 57,12
2 (ét. 3e) 10,79 4,40 15,19 17,10 5,13 52,61
3 (ét. 3e) 6,55 21,73 28,28 21,65 14,11 92,32
4 (ét. 3e) 8,08 4,84 12,92 12,22 8,61 46,67
5 (ét. 3e) 8,52 4,70 13,22 10,82 10,31 47,57
6 (ét. 3e) 9,64 2,71 12,35 11,19 11,39 47,28
7 (ét. 3e) 8,97 2,08 11,05 8,44 8,24 38,78
8 (ét. 3e) 8,42 2,78 11,2 16,59 9,04 48,03
9 (ét. 3e) 15,99 5,04 21,03 19,50 3,64 65,2
10 (ét. 3e) 3,59 9,14 12,73 3,69 13,07 42,22
11 (ét. 3e) 11,60 3,17 14,77 22,92 5,84 58,3
12 (ét. 3e) 13,72 14,27 27,99 11,53 17,68 85,19
13 (ét. 3e) 1,15 4,74 5,89 7,37 9,01 28,16
14 (ét. 3e) 11,87 3,73 15,6 11,40 4,63 47,23
15 (ét. 3e) 8,39 7,60 15,99 18,87 6,63 57,48
sujet n° pauses en italien pauses en anglais
(groupe) pleines vides total pleines Vides total
16 (ét. 4e) 6,02 7,66 13,68 13,16 7,52 48,04
17 (ét. 4e) 8,84 8,92 17,76 5,68 12,42 53,62
18 (ét. 4e) 6,17 5,45 11,62 9,86 9,13 42,23
19 (ét. 4e) 7,28 8,17 15,45 16,29 9,13 56,32
20 (ét. 4e) 12,83 2,54 15,37 15,05 2,05 47,84
21 (ét. 4e) 2,05 10,59 12,64 12,36 7,51 45,15
22 (ét. 4e) 10,41 5,69 16,1 15,58 6,55 54,33
23 (ét. 4e) 6,40 9,34 15,74 10,96 8,64 51,08
24 (ét. 4e) 8,37 2,55 10,92 23,12 5,17 50,13
25 (ét. 4e) 2,92 11,69 14,61 6,26 8,88 44,36
26 (ét. 4e) 9,25 6,95 16,2 11,61 10,22 54,23
27 (ét. 4e) 5,11 3,66 8,77 1,86 11,96 31,36
28 (ét. 4e) 6,57 3,92 10,49 13,37 4,87 39,22
29 (ét. 4e) 6,01 2,85 8,86 12,26 4,84 34,82
30 (ét. 4e) 9,31 7,13 16,44 22,10 7,07 62,05
sujet n° pauses en italien pauses en anglais
(groupe) pleines vides total pleines Vides total
31 (prof.) 4,35 5,76 10,11 11,78 4,75 36,75
32 (prof.) 3,59 8,34 11,93 8,40 8,05 40,31
33 (prof.) 6,21 6,46 12,67 10,34 7,50 43,18
34 (prof.) 11,01 3,47 14,48 9,92 3,02 41,9
35 (prof.) 1,67 4,92 6,59 9,79 3,87 26,84
36 (prof.) 6,24 5,22 11,46 10,32 8,32 41,56
37 (prof.) 0,97 4,46 5,43 7,36 4,39 22,61
38 (prof.) 5,36 5,91 11,27 4,46 9,21 36,21
39 (prof.) 8,41 2,70 11,11 14,29 2,52 39,03
40 (prof.) 11,51 5,59 17,1 9,88 5,17 49,25
41 (prof.) 7,32 4,75 12,07 11,11 6,20 41,45
42 (prof.) 14,37 2,40 16,77 12,50 4,25 50,29
43 (prof.) 3,08 3,93 7,01 7,00 6,13 27,15
44 (prof.) 3,80 5,85 9,65 5,48 8,80 33,58
45 (prof.) 3,42 5,00 8,42 8,03 3,32 28,19

Le tableau 13 indique la durée moyenne des pauses par minute, pour les trois groupes de sujets – à savoir, étudiants de 3e année, étudiants de 4e année, interprètes professionnels.

groupe pauses en italien pauses en anglais
pleines vides total pleines Vides total
3e année 9,37 6,38 15,75 13,46 9,33 54,29
4e année 7,19 6,50 13,69 12,76 7,83 47,97
interp. prof. 6,09 4,98 11,07 9,38 5,70 37,22

La durée moyenne des pauses est généralement plus courte chez les interprètes professionnels que chez les étudiants de 4e année, et plus courte chez ces derniers que chez les étudiants de 3e année. Dans le seul cas des pauses vides en italien, la durée moyenne est légèrement plus élevée chez les étudiants de 4e année que chez les étudiants de 3e année.

Dans chaque groupe (étudiants de 3e année, étudiants de 4e année, interprètes professionnels), les durées moyennes par minute des pauses pleines et vides sont plus élevées en anglais qu’en italien.

On note également que les pauses pleines ont une durée plus grande que les pauses vides.

Dans notre échantillon, la proportion du discours occupée par des pauses varie beaucoup, en fonction du niveau de formation/expérience et de la langue d’expression. Le minimum est d’environ 18% de la durée du discours (11,07 sec./min., en italien, chez les interprètes professionnels). Cela représente moins de la moitié du maximum, qui est d’environ 38% (22,79 sec./min., en anglais, chez les étudiants de 3e année).

Ces pourcentages peuvent être comparés avec des données quantitatives sur les pauses dans des récits oraux, en langue maternelle et étrangère. Dans les études concernées (Towell, Hawkins & Bazergui 1996 ; Onnis 1999), les sujets ont commenté des extraits de film qu’ils venaient de regarder, sans utiliser des notes. R. Towell, R. Hawkins & N. Bazergui (1996 ; voir ch. 1, section 4.3, ch. 5, section 1) comparent des commentaires en anglais et en français, réalisés par 12 étudiants anglophones. Dans cet échantillon, les pauses occupent moyennement environ 34% de la durée du récit en anglais ; en français, elles représentent une proportion variable de la durée totale, suivant que l’enregistrement a été effectué avant ou après un séjour en France (respectivement 43% et 38%) (Towell, Hawkins & Bazergui 1996: 102). L. Onnis (1999) examine des commentaires en anglais et en italien, réalisés par des sujets anglophones ayant un niveau de compétence élevé en italien. Onnis constate que les pauses représentent environ 35% de la durée du discours, dans les deux langues (vor ch. 5, section 1).

Par rapport aux récits analysés par Towell, Hawkins & Bazergui (1996) et par Onnis (1999), la durée des pauses dans nos interprétations consécutives est généralement moins grande: chez les seuls étudiants de 3e année, en anglais, elle est comparable avec les durées que constatent ces auteurs. Cela suggère que, par rapport à des commentaires réalisés pratiquement sans préparation préalable, l'interprétation consécutive comporte moins de planification du discours «en ligne ». En d’autres termes, malgré les contraintes qui caractérisent l’interprétation consécutive (voir ch. 3, section 2), il est probable qu’elle tend à provoquer moins de pauses d’hésitation qu’une improvisation. Les consécutives en anglais réalisées par des étudiants débutants, qui n’ont pas encore maîtrisé les compétences nécessaires aux fins de la consécutive (écoute sélective, emploi des notes etc.), constituent une exception à cette observation générale.

Cette comparaison de la durée des pauses, dans l’interprétation consécutive et dans l’exposé, vient à l’appui de l’observation suivante, de D. Gile (1995a: 89):

L’interprète [en consécutive] connaît l’ensemble du segment de discours qu’il va interpréter avant d’en commencer la reformulation: Sur ce plan, il est parfois en meilleure situation que l’orateur, à qui il arrive de devoir improviser. [notre soulignage]

Bien que la planification préalable facilite dans une certaine mesure la tâche de l’interprète en consécutive, cette dernière comporte également des difficultés par rapport à l’exposé oral en langue maternelle. Dans un groupe d’étudiants en dernière année du cursus à l’ESIT, D. Gile (1987 ; voir 2.4) constate une fréquence plus élevée des fautes et maladresses de français dans des interprétations que dans des exposés. Gile (1995a: 89-90) attribue cela à trois contraintes qui caractérisent l’interprétation: (i) l’obligation de fidélité à un discours prononcé par quelqu’un d’autre ; (ii) le passage de la réception du message dans une langue vers la production dans une autre ; (iii) la nécessité de travailler vite. Ces caractéristiques de l’interprétation accréditent l’idée qu’elle demande plus de ressources cognitives que l’exposé, ce qui expliquerait la différence entre les deux en matière de fautes et maladresses.

La comparaison de la consommation de ressources cognitives dans l’exposé et dans l’interprétation consécutive n’est toutefois pas simple.D’une part, en effet, l’exposé ne comporte pas les mêmes contraintes que la consécutive ; d’autre part, il est parfois caractérisé par un niveau de difficulté plus élevé, en fonction de l’absence de planification préalable.