2. Les pauses en fonction du niveau de formation/ expÉrience

2.1 La durÉe des pauses en fonction du niveau de formation/expÉrience

La durée moyenne des pauses, aux trois niveaux de formation/expérience pris en considération, a fait l’objet d’une analyse de la variance (ANOVA) (voir ch. 6, section 6.2.1). Le tableau 16 indique les classes de pause pour lesquelles l’analyse identifie une différence significative entre les groupes.

pauses:
langue: F p
tests multiples d’après Bonferroni
différences significatives niv. sig.
pleines + vides italien 4,328 0,03 étud. 3e a. - interp. prof. <0,05
(sans
distinction)
anglais 12,55 <0,01
étud. 3e a. - interp. prof. <0,01
étud. 4e a. - interp. prof. <0,01
pleines italien 3,389 0,05 étud. 3e a. - interp. prof. <0,10
anglais 2,967 0,07 étud. 3e a. - interp. prof. <0,10
vides anglais 5,278 <0,01 étud. 3e a. - interp. prof. <0,05

Dans la section 1.1 du présent chapitre, on a constaté, au fil de l’apprentissage, une diminution de la durée moyenne des pauses par minute. Le tableau 16 confirme en partie cette tendance, aussi bien en italien qu’en anglais. Sans distinction entre les pauses pleines et vides, la durée des pauses diffère de façon significative entre les groupes, l’écart étant plus net en anglais. Si les pauses pleines et vides sont considérées séparément, la différence entre les groupes est significative pour les pauses pleines dans les deux langues, et pour les pauses vides en anglais. L’écart n’est pas significatif pour les pauses vides en italien, dont la durée moyenne, à la différence des autres pauses, est plus élevée chez les étudiants de 4e année que chez les étudiants de 3e année (voir section 1.1, tableau 13).

Dans la plupart des cas, la durée moyenne des pauses ne diffère de façon significative qu’entre les étudiants de 3e année et les interprètes professionnels. Dans une seule partie de l’analyse (pauses pleines et vides, dans distinction, en anglais), il y a également une différence significative entre les étudiants de 4e année et les interprètes professionnels.

L’analyse statistique, tout en indiquant que la durée des pauses diminue au fil de l’apprentissage et de l’expérience, n’identifie donc pas d’évolution nette de ce paramètre à toutes les étapes concernées. En particulier, il n’y a pas de différence significative entre les durées des pauses chez les étudiants débutants et avancés. Cette constatation va dans le même sens que les études de D. Gile (1987) et de G.-V. Vik-Tuovinen (1995), qui n’identifient pas d’évolution nette de l’expression orale en cours de formation (voir ch. 5, section 4.1.2). Cela donne à penser que les compétences linguistiques et techniques de l’interprète se consolident à moyen, voire à long terme. D’ailleurs, la consolidation progressive des connaissances « procédurales » (c’est-à-dire, des compétences pratiques) a déjà été commentée (voir ch. 5, sections 3 et 4.1.3). Tout compte fait, il est raisonnable de penser qu’elles n’évoluent pas nécessairement par étapes bien distinctes (ex., 3e/4e année du cursus universitaire), et qu’il s’agit plutôt d’un continuum entre différents niveaux, qui ne diffèrent pas toujours de façon sensible.

Sur cette toile de fond, il est probable que la nature progressive de l’acquisition des compétences aura des répercussions sur l’évolution de la durée des pauses à différents niveaux de formation/expérience, qui fait l’objet de notre première hypothèse (voir section 2.3 du présent chapitre).