2.3 Évaluation de la premiÈre hypothÈse: l’Évolution des pauses en fonction du niveau de formation/ expÉrience

Selon la première hypothèse de l’étude (voir ch. 5, section 5), la durée des pauses est plus basse chez les interprètes professionnels que chez les étudiants et, parmi ces derniers, moindre en fin qu’en début de formation. Cette hypothèse n’est corroborée que dans une certaine mesure par l’analyse statistique . D’une part, la durée par minute des pauses et le pourcentage des pauses longues (> 2 sec.) sont en général significativement plus grands chez les étudiants de 3e année que chez les interprètes professionnels, que ce soit en italien ou en anglais (voir section 2.1 du présent chapitre). D’autre part, il n’y a d’évolution claire de ces paramètres ni entre les étudiants de 3e et de 4e année ni entre ces derniers et les interprètes professionnels (voir section 3.2 du présent chapitre). Les données ne démontrent donc pas de façon nette que la durée des pauses est moindre chez les interprètes professionnels que chez les étudiants. D’ailleurs, elles ne démontrent pas que la durée des pauses est moindre en fin qu’en début de formation.

Ce manque de différence nette entre les étudiants débutants et avancés peut être considéré comme pertinent au débat sur l’efficacité de la formation institutionnelle des interprètes, évoqué au chapitre 5 (par ex., Thiéry 1981: 105 ; Gile 1995a: 183 ; voir 5.4.1.2). Il reste pourtant à démontrer qu’un apprentissage « sur le tas » donne des résultats à terme plus visibles (c’est-à-dire que, chez des interprètes autodidactes, la durée des pauses diminue de façon significative pendant les premières années d’activité professionnelle).

En somme, nos résultats ne permettent pas de conclusion catégorique sur l’évolution de la durée des pauses au fil de la formation et de l’expérience. Toutefois, ils indiquent que les pauses durent significativement moins chez les interprètes professionnels que chez les étudiants débutants.