3.5 Coefficients de corrÉlation entre les pauses en italien et en anglais

Les coefficients de corrélation (Vessereau 1947: 99-100 ; voir également ch. 6, section 6.2.2) entre les durées par minute des pauses, en anglais et en italien, ne sont pas directement pertinents aux hypothèses de l’étude. Ils ont été examinés dans une optique essentiellement exploratoire.

Le tableau 20 indique huit coefficients de corrélation significatifs, sur douze paires de variables (pauses pleines et vides, considérées aussi bien séparément qu’ensemble, dans l’échantillon entier ainsi que dans les trois groupes). Toutes ces corrélations sont positives. Les corrélations non significatives n’ont pas été incluses dans le tableau.


échantillon

paire
t(corrél. Pearson) niveau signif.
entier (45 sujets) pauses anglais /
pauses italien

,664

,01
pauses pleines anglais /
pauses pleines italien

,461

,01
pauses vides anglais /
pauses vides italien

,588

,01
étudiants 3e année pauses anglais /
pauses italien

,728

,01
pauses vides anglais /
pauses vides italien

,619

,01
étudiants 4e année pauses vides anglais /
pauses vides italien

,515

,05
interprètes professionnels pauses pleines anglais /
pauses pleines italien

,531

,05
pauses vides anglais /
pauses vides italien
,668 ,01

Dans le présent échantillon, les coefficients de corrélation occupent une gamme plutôt large (de 0,461 à 0,728). A l’intérieur de cette gamme, les corrélations les plus fortes (t> 0,600) se trouvent chez les étudiants de 3e année, chez les interprètes professionnels et dans l’échantillon entier. Elles concernent ou toutes les pauses (pleines et vides, considérées indistinctement) ou les pauses vides.

Les corrélations significatives indiquent que la relation supposée entre les durées des pauses dans les deux langues ne peut pas être rejetée comme étant due au hasard. Dans cette optique, une interprétation possible de ces corrélations significatives est que les phénomènes d’hésitation maintiennent plus ou moins le même « profil » en langue maternelle et en langue étrangère (Deschamps 1980, Raupach 1980: voir ch. 1, section 4.3). L’étude détaillée de ce « profil » , à travers la comparaison de la distribution des pauses dans les deux langues, n’est pas envisagée dans la présente enquête.

L’examen des corrélations met en lumière deux tendances: (i) des trois groupes de sujets, les seuls étudiants de 4e année ne montrent pratiquement pas de corrélation significative entre les durées des pauses en anglais et en italien ; (ii) il n’y a pas de corrélation particulièrement forte entre les durées des pauses pleines en anglais et en italien.

La première tendance indique que, dans notre échantillon, le « profil » des pauses ne diffère en anglais et en italien que chez les étudiants de 4e année. La deuxième tendance signifie que la durée des pauses pleines ne varie pas dans la même mesure en anglais et en italien. Étant donné qu’elle est significativement plus grande en anglais qu’en italien (voir section 4.1 du présent chapitre), nous proposons deux explications possibles de ce manque de corrélation forte entre les pauses pleines dans les deux langues:

  1. les déclencheurs susceptibles de les provoquer sont plus fréquents en anglais Autrement dit, la production comporte probablement des problèmes d’expression plus fréquents en B qu’en A. Effectivement, le sujet n’a pas la même maîtrise d’une langue étrangère que de sa langue maternelle. Dans notre échantillon, il est donc probable que, par rapport à l’italien, l’anglais comporte davantage de difficultés de production à divers niveaux (grammatical, lexical, stylistique, etc.) ;
  2. les pauses pleines individuelles durent davantage en anglais qu’en italien, car la disponibilité des connaissances linguistiques et des stratégies permet probablement une résolution plus rapide des problèmes d’expression en A qu’en B. Dans notre échantillon, cela signifierait des pauses plus courtes en italien qu’en anglais.

Dans certains cas, les corrélations significatives coïncident avec des différences significatives entre les durées des pauses en anglais et en italien (voir plus haut, section 3.1). Dans d’autres cas, les deux ne coïncident pas. Nous ne trouvons pas d’explication de cette coïncidence partielle entre les corrélations significatives et les différences significatives.

Tout compte fait, les coefficients de corrélation pourraient être examinés de façon plus approfondie dans des recherches ultérieures – par exemple, des études du « profil » des pauses en A et B, portant sur l’emplacement des pauses dans les énoncés.