4.6 La frÉquence des diffÉrentes classes d’explication en fonction de la langue d’expression

En ce qui concerne la comparaison inter-langues des explications des pauses, les données des trois groupes ont fait l’objet de tests tsur échantillons appariés.

Le tableau 28 identifie les classes d’explication pour lesquelles les tests statistiques ont identifié une différence significative. Dans toutes les paires, les deux langues sont citées dans le même ordre (l’anglais d’abord et l’italien ensuite). Ainsi, l’absence de signe devant le rapport t(par ex., « expression anglais - expression italien »: t = 2,949) indique que la classe d’explication concernée a une fréquence plus élevée en anglais ; un signe négatif devant le rapport t(par ex., « notes anglais - notes italien »: t = - 1,849) indique que la classe concernée est plus fréquente en italien.


échantillon

paire

t
sig.
(à 1 q.)
étudiants 3e année expression anglais -
expression italien

2,949

0,005
notes anglais -
notes italien

- 1,849

0,043
logique anglais -
logique italien

- 4,313

< 0,001
étudiants 4e année notes anglais -
notes italien

- 1,592

0,067
logique anglais -
logique italien

- 1,858

0,043
inexpliquée ang. -
inexpliquée it.

3,117

0,004
interprètes professionnels notes anglais -
notes italien

1,676

0,058
logique anglais -
logique italien

- 2,245

0,021

La perception de problèmes d’expression ne diffère significativement en italien et en anglais que chez les étudiants débutants. Si les débutants possèdent moins que les interprètes expérimentés les stratégies permettant de contourner les difficultés linguistiques, il est probable que cela comporte une perception accrue de ces dernières, surtout en langue B (voir commentaires à la fin de la section 1.1 du présent chapitre,).

Les deux classes de problèmes non linguistiques (difficultés de lecture des notes ; doutes d’ordre logique) sont presque toujours significativement plus fréquentes en italien qu’en anglais. Cela reflète probablement une prise de conscience plus grande des problèmes non linguistiques (par ex., gestion des notes et des nuances logiques du texte) en A (voir plus haut, section 3.4).

En ce qui concerne la fréquence des doutes logiques dans l’interprétation vers l’italien, une autre explication est également possible. Bien que les deux discours de départ utilisés dans l’étude soient en principe comparables (voir ch. 6, section 3.4), l’orateur anglais examine les relations anglo-européennes dans une perspective anglaise. Malgré la simplicité des concepts (voir ch. 6, section 3.3), il est donc possible qu’il s’agisse d’une optique inhabituelle pour des sujets italophones et que cela comporte quelques doutes logiques sur le raisonnement de l’orateur. Par exemple, selon l’orateur, les Britanniques se méfiaient de tout projet d’un marché européen dans l’après-guerre, car ils pensaient que les pays voisins considéraient l’aide de la Grande-Bretagne comme décisive aux fins de leur reprise économique. Une telle perspective ne correspond pas tout-à-fait à la façon de voir l’isolationnisme britannique chez de nombreux collègues italiens, qui tendent à le considérer tout simplement comme hérédité d’une mentalité impérialiste.