La théorie en réseau causal : les données empiriques (van den Broek & Lorch, 1993)

van den Broek et Lorch (1993) ont mené une étude expérimentale dans le but d’étudier le fait que la représentation mentale du texte se décrit sous la forme d’un réseau, dans lequel les connexions relient aussi bien des unités de texte adjacentes (celles formant une chaîne linéaire) que les unités distantes dans la structure de surface du texte. Trois expériences ont ainsi été réalisées au cours desquelles la mémorisation des événements de 20 textes narratifs était testée à l’aide d’une tâche de reconnaissance amorcée. Cette tâche proposait aux sujets (dans les trois expériences) de reconnaître un énoncé (cible) après présentation et simple lecture d’un premier énoncé (amorce). Les sujets devaient ainsi dire si les énoncés-cible apparaissaient dans un des récits lus précédemment. Les cibles vraies paraphrasaient soit une action, soit une issue de l’histoire. Deux catégories d’amorces ont été construites : [1] des amorces générales qui référaient à la topique générale du récit dont les cibles vraies étaient extraites, et [2] des amorces reliées qui référaient à des topiques d’antécédent causal de la cible vraie, et qui correspondaient soit à des actions, soit à des buts. Par ailleurs, les amorces reliées étaient séparées des cibles vraies, soit par un seul événement (condition amorce et cible adjacentes), soit par 11 événements (condition amorce et cible non-adjacentes). Les effets de la relation entre l’amorce et la cible devaient donc donner lieu à des temps de réaction différents à la reconnaissance des cibles. Ainsi, les effets d’amorçage ont été mis en évidence en calculant les différences de temps de réponse entre les cibles vraies associées à des amorces générales et celles associées à des amorces reliées. La principale prédiction des auteurs était que les cibles seraient plus rapidement reconnues lorsque la représentation textuelle inclut une relation causale entre l’amorce et la cible, que lorsque les deux énoncés ne sont pas reliés. D’après l’hypothèse de la théorie en réseau causal, les auteurs ont aussi prédit que les relations entre les énoncés non-adjacents devraient être inclues dans la représentation en mémoire lorsqu’elles sont requises pour une explication appropriée de l’événement-cible. Cette hypothèse s’oppose à celle proposée par les modèles en chaîne linéaire selon laquelle seules les relations entre les énoncés adjacents devraient être incorporées dans la représentation du texte. Ainsi, les résultats obtenus par van den Broek et Lorch (1993) ont confirmé leur principale prédiction. Par ailleurs, conformément à l’hypothèse de la théorie en réseau, ils ont montré que des énoncés ’but’ amorçaient de manière identique des cibles adjacentes et non-adjacentes.