La représentation des connaissances dans le modèle de Construction-Intégration

Selon le modèle de Construction-Intégration, la compréhension de textes est déterminée par un processus d’interprétation de la signification sur la base des connaissances du lecteur activées en mémoire à long-terme. Aussi, pour comprendre les mécanismes qui sous-tendent la compréhension, il est nécessaire de savoir comment les connaissances qui doivent être utilisées sont organisées. Kintsch (1988) considère que les structures de connaissances telles que les réseaux sémantiques, les schémas et les scripts, sont trop rigides pour pouvoir rendre compte des changements contextuels permanents auxquels les individus sont confrontés. Aussi, Kintsch (1988) postule une structure dans laquelle les connaissances ne sont pas stockées de manière permanente, mais générées dans le contexte de la tâche pour laquelle elles sont nécessaires. Le réseau associatif de noeuds interconnectés est utilisé pour représenter l’organisation minimale des connaissances. Les connexions entre les noeuds ont un poids dont la valeur peut être positive, nulle ou négative, comprise entre -1 et +1. Les noeuds dans le réseau de connaissances sont formellement équivalents aux propositions utilisées pour représenter les textes (Kintsch & van Dijk, 1978). Le fait d’envisager un format commun au réseau de connaissances en mémoire à long-terme et à la représentation mentale du texte en mémoire épisodique est un avantage indéniable lorsqu’il s’agit d’étudier l’apprentissage à partir d’un texte. Les éléments à partir desquels les réseaux de connaissances et les bases de textes sont donc les mêmes. En effet, les bases de texte sont construites en sélectionnant, modifiant ou réarrangeant les éléments propositionnels contenus dans le réseau de connaissances. Elles ne font toutefois pas partie de ce réseau associatif, car elles correspondent à des structures séparées (i.e., compartimentalisées) avec des propriétés propres.

La signification d’un concept est définie par sa position dans le réseau. Ainsi, les éléments associés les plus proches et les voisins sémantiques d’un noeud constituent sa signification centrale. Sa signification complète et globale ne peut être construite qu’en explorant ses relations avec les autres noeuds dans le réseau. Une telle construction n’a pas de correspondance psychologique directe. En effet, du fait des capacités limitées de la mémoire de travail, le réseau ne peut être traité dans sa globalité. A chaque moment, seule une fraction du réseau peut être activée, et seules les propositions du réseau qui sont momentanément activées peuvent affecter la signification du concept donné. Aussi,

la signification d’un concept est toujours spécifique à la situation, et est dépendante du contexte. Elle est nécessairement incomplète et instable : des noeuds pourraient toujours être ajoutés au sous-réseau activé qui constitue la signification provisoire du concept, au risque de désactiver certains noeuds déjà activés.

Dans le modèle, l’interprétation de la signification du texte sur la base du réseau de connaissances activé en mémoire à long-terme s’effectue en deux phases principales que nous allons maintenant décrire : la phase de construction et la phase d’intégration.