1.2.3. Le modèle Landscape : les connaissances, une source d’activation (van den Broek, Risden, Fletcher, & Thurlow, 1996)

Le modèle Landscape (van den Broek, Risden, Fletcher, & Thurlow, 1996) a été élaboré pour rendre compte du caractère incrémentatif (et donc dynamique) de la représentation mentale construite au cours de la lecture. Les auteurs font ainsi deux hypothèses : d’une part, la représentation qui se forme dès le début de la lecture, est constamment mise à jour par l’intégration des informations nouvelles en cours de traitement ; d’autre part, la représentation émergente permet au lecteur de comprendre ce qui suit.

Ainsi, dès le début de la lecture, le sujet active les concepts qui sont représentés par le texte ainsi que les relations entre ces concepts. Du fait de la limitation de ses ressources mnésiques (et attentionnelles), le lecteur ne peut se focaliser, pour un cycle donné de la lecture, que sur une portion de mots, concepts ou relations évoqués dans le texte. La question est donc de savoir quels sont les éléments qui vont être activés et par quel mécanisme. Le modèle Landscape prédit ainsi l’intervention de quatre sources potentielles d’activation : [1] le contenu de l’input textuel en cours de traitement, [2] les informations du cycle précédent de lecture, [3] la représentation épisodique actuelle du texte, [4] les inférences produites sur la base des connaissances initiales du lecteur. Dans ce modèle, le lecteur peut donc utiliser ses connaissances sur le domaine abordé par le texte, soit parce qu’elles sont nécessaires pour élaborer la cohérence du texte lu (réactivation fonctionnelle), soit parce qu’elles sont fortement associées à l’information en cours de traitement (réactivation automatique). Une autre particularité de ce modèle est qu’il combine les deux standards de cohérence : les inférences sont générées durant la lecture pour maintenir à la fois la cohérence référentielle et la cohérence causale (le modèle de Kintsch ne prend en compte que le critère de chevauchement d’arguments).

Du fait de la limitation des ressources mnésiques et de l’accès possible à ces quatre sources d’activation, l’activation des éléments textuels ou inférés fluctue tout au long de la lecture. Ces fluctuations décrivent alors un ’paysage d’activation’ : pour un même concept, l’augmentation de son activation est représentée par un pic, tandis que la diminution de son activation est représentée par un creux dans le paysage (Cf. figure 2).

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FIGURE 2. La représentation d’un texte est un paysage d’activations dont les fluctuations sont illustrées par des pics et des creux

Les aspects conceptuels de ce modèle sont les suivants :

Pour résumer, l’intérêt de ce modèle est double. Il combine les deux critères de cohérence dont nous supposons qu’ils ont l’un comme l’autre un rôle déterminant dans la compréhension de textes scientifiques (la cohérence référentielle reflète la cohérence du domaine que le texte représente ; la compréhension d’un texte scientifique peut être envisagée comme un processus de résolution de problèmes au cours duquel il s’agit de déterminer les rapports de causalité entre les faits décrits dans le texte). D’autre part, il permet de mettre en évidence le caractère dynamique de la représentation mentale du domaine évoqué par le texte qui émerge au cours de l’apprentissage à partir du texte.