Les travaux de McNamara, E. Kintsch, Butler-Songer et W. Kintsch (1996)

McNamara, Kintsch, Butler-Songer et Kintsch (1996) ont utilisé une tâche de classification de cartes avant la lecture d’un texte explicatif pour évaluer la structure cognitive d’experts et de débutants dans le domaine évoqué par le texte (les mammifères), mais également après la lecture pour apprécier les modifications de cette structure comme effet de l’apprentissage à partir du texte. Les auteurs ont postulé que ’‘ces changements seraient des indicateurs du modèle de situation construit par le lecteur’’ (McNamara & al., 1996, p. 10). Les sujets avaient donc pour tâche de classer 16 cartes sur lesquelles étaient inscrites des caractéristiques d’animaux. Parmi ces 16 items, 7 correspondaient à des caractéristiques a priori propres aux mammifères (e.g., a des poils, a plusieurs types de dents, a des comportements innés et acquis), 4 à des caractéristiques partagées par les mammifères avec d’autres espèces (e.g., hiberne, a un système nerveux central), et 5 à des caractéristiques non-associées aux mammifères (e.g., donne plusieurs portées en une seule fois, a uniquement des comportements instinctifs). Les expérimentateurs ont pris soin de ne pas mettre les sujets au courant de l’existence de ces trois catégories de caractéristiques. Les sujets regroupaient ainsi les cartes en autant de piles qu’ils le désiraient, le nombre de cartes dans chacune de ces piles ne devant pas nécessairement être le même. Ils pouvaient modifier leur classement plusieurs fois et étaient avertis qu’il n’y avait pas de façon correcte ou incorrecte d’organiser les cartes. Après avoir terminé la tâche, les sujets expliquaient pourquoi ils avaient regroupé les cartes de cette manière, et essayaient de dénommer chaque série de cartes.

Pour l’analyse des performances par item qui ont été obtenues aux pré- et post-tests, une matrice de similarités (à 16 lignes et 16 colonnes ; 16 étant le nombre d’items proposés) a été construite dont les valeurs indiquaient la fréquence avec laquelle chaque item était classé dans la même catégorie que tous les autres items considérés. De plus, chaque sujet a été affecté d’un score qui indiquait le degré de correspondance (ou harmonie) entre son classement et celui suggéré par le texte (i.e., le classement idéal, c’est-à-dire une pile pour chaque catégorie de caractéristiques proposée). La mesure de l’harmonie résultait d’une comparaison statistique entre les matrices du classement d’un sujet et du classement idéal. Dans la matrice du classement d’un sujet, la valeur 1 affectée à une paire d’items indiquait que ces derniers ont été classés ensemble, tandis que la valeur 0 indiquait qu’ils n’ont pas été classés ensemble. La matrice du classement idéal a été construite en assignant un poids égal à 1 à toutes les cellules de la matrice représentant des paires de caractéristiques qui étaient soit spécifiques aux mammifères, soit partagées par les mammifères avec d’autres espèces animales, soit non-associées aux mammifères. Sur la base de ces deux types d’analyses, McNamara et al. (1996) ont montré que la tendance des sujets à classer les items en deux groupes (les mammifères et les non-mammifères) augmentait entre les pré- et post-tests.