2.2.2.a Le modèle QUEST de Graesser et Franklin (1990)

Le modèle QUEST décrit le traitement d’une question en trois phases : [1] l’encodage de la question, [2] la récupération en mémoire des sources d’informations, et [3] la recherche de réponses potentielles.

La phase d’encodage de la question consiste à extraire l’information à rechercher en mémoire et à la catégoriser. Une question comporte deux parties : la particule et le concept de la question. La particule de la question (e.g., pourquoi, comment, quand, où) renseigne le sujet quant aux règles spécifiques à appliquer pour rechercher une réponse adaptée. Ainsi, la particule ’pourquoi’ signale que la question requiert l’évocation soit d’un but, soit d’un antécédent causal comme réponse. Le concept de la question renvoie à l’information présupposée qui est extraite de la question (e.g., la question ’Pourquoi Marie pose-t-elle un livre sur la table?’ présuppose que ’Marie pose un livre sur la table’). Le modèle QUEST a ainsi distingué 20 catégories de questions sur la base du type de particules qui introduit la question (e.g., pourquoi), et de la catégorie sémantique du concept de la question (e.g., objets, états, événements). Ainsi, la question <pourquoi-événement> (i.e., une particule ’pourquoi’ couplée à un concept ’événement’) est catégorisée comme une question sur un antécédent causal, la question <pourquoi-action> comme une question sur un but superordonné.

Les sources d’informations qui sont récupérées en mémoire durant la deuxième phase sont les structures de connaissances activées par le concept (et le contexte) de la question pour effectuer la recherche de réponses potentielles. Elles incluent la base de connaissances (générales ou spécifiques à un domaine) en mémoire à long-terme, et la représentation mentale du texte en mémoire épisodique. Le modèle QUEST représente les sources d’informations sous forme de graphes conceptuels (Graesser & Clark, 1985), qui consistent en une série de noeuds, répartis en plusieurs catégories (e.g., les états, les événements) et reliés par des plusieurs types d’arcs (e.g., la raison, la conséquence). La recherche des portions de représentation susceptibles de contenir le noeud-source (qui représente le concept de la question), s’effectue d’abord globalement puis localement.

La recherche de réponses potentielles dans les sources d’informations activées procède par diffusion de l’activation à partir du noeud-source (noeud de référence). Pour réduire le nombre de réponses possibles en une série plus petite et donc plus facilement manipulable, trois mécanismes de convergence interviennent dans le modèle QUEST : la procédure de recherche d’arcs, le mécanisme de distance structurale, et le mécanisme de satisfaction de contraintes. La procédure de recherche d’arcs permet de spécifier les arcs qui partent du noeud-source, et qui sont traversés durant la recherche de réponses potentielles. L’identification des arcs dépend du type de question. En effet, le traitement d’une question ’pourquoi’ nécessite le parcours des liens causaux (ou de raison) à partir du noeud-source, le traitement d’une question ’où’, le parcours des liens de localisation. Concernant la question ’pourquoi’, les noeuds du chemin causal peuvent être considérés comme les réponses légales à la question, ceux des autres chemins comme des réponses illégales. Le mécanisme de distance structurale a pour fonction d’évaluer les réponses potentielles sur la base du nombre d’arcs dans le chemin le plus court qui relie le noeud-source et la réponse. Généralement, les réponses les plus proches du noeud-source sont les plus acceptables. Enfin, le mécanisme de satisfaction de contraintes permet de tester si la réponse enfreint les champs conceptuels, sémantiques et pragmatiques imposés par la question (e.g., si la réponse contredit le noeud-source au niveau temporel, spatial ou causal).