La cohérence favoriserait l’intervention des connaissances (McKeown & al., 1992)

McKeown, Beck, Sinatra et Loxterman (1992) ont étudié la relation entre la cohérence textuelle et les connaissances des lecteurs. Il ont ainsi testé l’hypothèse de Roller (1990) selon laquelle l’effet de la structure textuelle devrait varier en fonction de la familiarité du contenu textuel. Les auteurs ont ainsi fourni à tous les sujets qui ont participé à leur expérience des connaissances de base pertinentes pour la compréhension d’un texte subséquent. Ils ont évalué les effets de ces connaissances sur la compréhension de deux versions d’une suite de quatre extraits de textes sur la Révolution Américaine : d’une part, une version faiblement cohérente (version originale) et d’autre part, une fortement cohérente (version révisée) qui explicitait les relations temporelles et causales entre les différents événements évoqués dans les textes. Après la lecture, les sujets devaient rappeler les principales informations contenues dans chaque texte, et répondre à des questions ouvertes sur la séquentialité des événements ou sur les relations entre les acteurs de la Révolution et les événements. Les protocoles de rappel ont été analysés en distinguant les propositions (unités de contenu) qui décrivaient des acteurs, des états, des événements ou des localisations. Les résultats ont montré que les sujets affectés à la lecture de la version révisée ont rappelé plus d’unités de contenu, et ont obtenu des performances aux questions ouvertes plus importantes comparés à ceux affectés à la lecture de la version originale. Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par d’autres chercheurs (e.g., Britton & Gulgoz, 1991 ; McNamara & al., 1996) qui ont montré un bénéfice lié à la cohérence du matériel textuel. D’autre part, les sujets qui ont lu la version originale, bien qu’ils aient reçu les mêmes connaissances préalables de base que ceux affectés à la lecture de la version révisée, ont obtenu des performances aux questions sur les aspects complexes du thème (e.g., celles sur les principes motivant les actions des agents de la Révolution) moins élevées. Les auteurs ont donc conclu qu’un texte fortement cohérent favorise davantage l’intervention des connaissances initiales dans le processus de compréhension qu’un texte faiblement cohérent. La critique qui peut être faite quant à cette expérience, concerne le fait qu’aucun test n’a été utilisé pour vérifier si les lecteurs ont réellement intégré en mémoire à long-terme les connaissances sur le thème qui leur ont été fournies avant la lecture du texte subséquent. En effet, l’intervention des connaissances initiales des lecteurs au cours du traitement de la version révisée ne peut être justifiée que si ces connaissances ont réellement été acquises.