3.1.2.3.d La vérification des inférences

Cette tâche avait pour objectif de tester la qualité et l’accessibilité des représentations mentales de la structure et du fonctionnement du neurone, que les experts et débutants ont élaborées durant la lecture de l’une des deux versions (structurée ou non-structurée) du texte. Nous avons supposé un effet principal des connaissances initiales des lecteurs sur la construction du modèle de la situation évoquée dans le texte. Ainsi, les experts et les débutants ne devraient pas se différencier dans les performances (réponses correctes et temps de réponses correctes) aux inférences locales qui se basent sur la représentation sémantique du texte. Par contre, comparés aux débutants, les experts devraient présenter une proportion de réponses correctes plus importante et des temps de vérification plus courts aux inférences globales qui se basent sur le modèle de situation.

De plus, nous avons fait l’hypothèse que la structure du domaine (relationnelle, fonctionnelle) déterminerait les caractéristiques de la représentation mentale élaborée au cours de la lecture du texte. Plus précisément, la représentation mentale de la structure du neurone devrait être dominée par la représentation sémantique du texte, tandis que la représentation mentale du fonctionnement du neurone devrait être plutôt dominée par le modèle de situation. En effet, pour élaborer la représentation de la structure anatomique du neurone, le sujet n’a besoin que des informations sur les constituants (i.e., les sous-structures) du neurone qui peuvent être directement dérivées du texte, ainsi que sur les relations spatiales entre les constituants qui peuvent être automatiquement inférées à l’aide des indices de surface. En revanche, pour construire une représentation appropriée du fonctionnement du neurone, une simulation mentale (i.e., la construction du modèle de situation) des conséquences de chaque événement sur l’état du neurone et de leur enchaînement temporo-causal est nécessaire. Cette hypothèse nous conduit à prédire que les inférences sur la structure du neurone devraient être plus précisément et plus rapidement vérifiées lorsqu’elles réfèrent à la représentation sémantique du texte (i.e., inférences locales) plutôt qu’au modèle de situation (i.e., inférences globales), tandis que l’effet inverse devrait être observé pour les inférences sur le fonctionnement.

Nous avons également supposé un effet de l’interaction entre les connaissances initiales des lecteurs et la structure du domaine. Précisément, la représentation mentale des débutants devrait correspondre à la description du neurone en structure relationnelle (i.e., anatomique), tandis que celle des experts devrait correspondre à la description du neurone en structure fonctionnelle. Ainsi, pour les inférences sur le fonctionnement du neurone, les experts devraient avoir une proportion de réponses correctes plus élevée et des temps de vérification plus courts que ceux des débutants. En revanche, la différence dans les performances entre les deux niveaux d’expertise ne devrait pas être observée pour les inférences sur la structure.

Enfin, nous avons postulé un effet de l’interaction entre les connaissances des lecteurs et la structure temporo-causale du texte sur la qualité du modèle de situation. En conséquence, les experts affectés à la lecture de la version non-structurée devraient présenter des performances (i.e., réponses correctes et temps de réponses correctes) aux inférences globales (qui se basent sur le modèle de situation) plus importantes que celles des experts affectés à la lecture de la version structurée. En revanche, le pattern inverse devrait être observé pour les débutants.