3.2.3. EXPERIENCE 2
Relation entre la nature sémantique de l’organisateur initial et celle du texte subséquent, et niveau d’expertise initial des lecteurs

Le but de cette deuxième expérience était d’étudier l’effet de la nature sémantique d’un organisateur initial sur la mémorisation et l’apprentissage à partir d’un texte subséquent sur le fonctionnement du neurone, chez des experts et des débutants du domaine. Nous avons ainsi construit deux types d’organisateurs initiaux qui différaient par la catégorie sémantique des connaissances générales qu’ils apportaient sur les quatre phénomènes bioélectriques (le potentiel de repos, le potentiel d’action, la repolarisation et la période réfractaire) abordés par le texte d’apprentissage subséquent. Ainsi, dans le premier type d’organisateurs initiaux, les connaissances étaient relatives à des états du neurone qui spécifient chaque phénomène, tandis qu’elles portaient sur les événements qui modifient les états du neurone dans le second type d’organisateurs initiaux.

D’autre part, nous avons choisi d’étudier la relation entre la nature sémantique de l’organisateur initial et celle du texte d’apprentissage subséquent. Deux conditions d’apprentissage ont été ainsi distinguées : une condition de congruence sémantique dans laquelle les connaissances de l’organisateur initial référaient à la même catégorie (états ou événements) que les informations du texte d’apprentissage ; et une condition de non-congruence dans laquelle la catégorie des connaissances de l’organisateur initial était différente de celle des informations du texte subséquent.

Nous nous sommes également intéressées à l’effet des exigences de la tâche à l’issue de l’étude de l’organisateur initial sur les stratégies de compréhension que les sujets peuvent mettre en oeuvre durant la lecture du texte d’apprentissage subséquent (Cf. Graesser & al., 1994). Les sujets effectuaient soit un résumé sur la base de leur représentation sémantique de l’organisateur initial (i.e., cette épreuve devait les inciter à effectuer un traitement ’sémantique’ du texte subséquent), soit un schéma sur la base de leur modèle de situation (i.e., cette tâche devait les encourager à effectuer un traitement ’situationnel’ du texte subséquent).

Pour évaluer les différents niveaux de représentation qui ont été construits durant la lecture du texte subséquent, nous avons utilisé une tâche de reconnaissance d’énoncés (Cf., Kintsch & al., 1990 ; Tapiero, 1992). Alors que dans la première expérience, les épreuves de vérification d’inférences et de classification de concepts ne testaient que la qualité du modèle de situation construit, la tâche de reconnaissance d’énoncés avait l’avantage de rendre compte des effets de la catégorie sémantique des connaissances du domaine (états et événements) et de l’épreuve consécutive à l’étude de l’organisateur initial à la fois sur les processus de mémorisation et d’apprentissage à l’oeuvre durant la lecture du texte d’apprentissage subséquent.