4.1. La compréhension de textes accompagnés d’illustrations

4.1.1. Le concept d’illustrations

4.1.1.a Les caractéristiques structurales des illustrations

Pour Bétrancourt (1996), le terme ’illustration’ désigne : ’‘des dispositifs graphiques qui utilisent les relations spatiales pour transmettre des informations sur des dimensions spatiales, temporelles, causales ou tout autre dimension’’ (Bétrancourt, 1996, p. 27). Vézin et Vézin (1988) ont distingué trois types d’illustrations en fonction de leur degré de réalisme. Ainsi, les photographies sont des illustrations réalistes (ou représentatives) qui facilitent l’identification d’un objet, et par conséquent sa reconnaissance et sa reproduction. Les schémas sont des illustrations analogiques (impliquant une similarité) qui expliquent la structure et le fonctionnement d’un objet. Enfin, les diagrammes (e.g., organigrammes, graphes bi-dimensionnels) sont des illustrations logiques qui présentent des informations abstraites de manière plus concrète en utilisant les analogies spatiales. Dans le sens que nous leur attribuons, les illustrations s’opposent aux représentations descriptives (textes, représentations propositionnelles) (Schnotz & Grzondziel, 1999), et ce pour deux raisons principales :

  • D’une part, les représentations descriptives sont des chaînes de symboles arbitraires structurées comme le langage, alors que les illustrations contiennent des signes iconiques qui partagent des caractéristiques structurales avec les objets auxquels ils réfèrent. Cette correspondance structurale peut être soit concrète dans le cas des illustrations réalistes (on parle alors de similarité), soit abstraite dans le cas des illustrations logiques (on parle d’analogie). C’est ce lien d’isomorphie qui confère aux illustrations leur caractère de facilité sur le plan de la mémorisation (Lieury, 1992) ;

  • D’autre part, alors que les liens entre les objets référencés sont spécifiés par des adjectifs, des prépositions, des verbes et des adverbes dans les représentations descriptives, ils ne sont pas explicitement évoqués dans les illustrations. Ces liens doivent donc être inférés sur la base des propriétés structurales inhérentes que les illustrations partagent avec les objets représentés. Ainsi, pour Schnotz et Grzondziel (1999), les illustrations sont des représentations intrinsèques.

Enfin, l’illustration en tant que représentation externe des qualités perceptives d’un objet est à distinguer de l’image mentale (représentation interne) de l’objet que le sujet peut générer à partir de l’illustration. En effet, l’image mentale est une représentation schématique de l’objet qui se forme à partir d’une abstraction des traits figuratifs les plus saillants de l’illustration, et qui peut atteindre un degré relativement élevé d’abstraction jusqu’à perdre éventuellement ses composantes figuratives (Denis & de Vega, 1993).