Le type d’informations illustrées du texte

Des résultats expérimentaux sont en accord avec l’idée selon laquelle il est préférable d’illustrer certaines informations plutôt que d’autres. Ainsi, les illustrations sont plus efficaces lorsqu’elles représentent les idées importantes du texte plutôt que les détails (Waddill, & McDaniel, 1992) ou lorsqu’elles représentent à la fois les entités décrites dans le texte et les relations entre ces entités plutôt que les entités uniquement (Gyselinck, 1995, 1996).

Par ailleurs, en ce qui concerne la compréhension de textes explicatifs sur la structure et le fonctionnement de systèmes scientifiques, deux types d’informations qui peuvent faire l’objet d’illustrations, sont généralement distinguées : [1] des informations qui portent sur les aspects statiques des systèmes et décrivent les relations spatiales entre leurs composants (i.e., informations configurationnelles), et [2] des informations qui renvoient aux aspects dynamiques des systèmes et décrivent les processus (i.e., informations cinétiques). Mayer et Gallini (1990) ont ainsi réalisé une série de trois expériences dans l’objectif d’étudier l’effet différentiel de trois types d’illustrations sur la construction du modèle mental d’un système de pompage : [1] des illustrations des parties du système, [2] des illustrations des étapes du processus de pompage, et [3] des illustrations qui représentaient à la fois les parties et le processus. Les auteurs ont montré qu’en présence d’illustrations qui ne présentaient qu’un seul type d’informations (parties ou processus), les sujets étaient incapables de résoudre des problèmes de transfert sur le système. D’après ce résultat, il serait donc nécessaire d’illustrer à la fois les aspects statiques et dynamiques du système pour améliorer l’apprentissage.

Hegarty et Just (1993) ne partagent pas ce dernier point de vue, et rapportent que si les lecteurs peuvent inférer les relations spatiales entre les composants du système aussi bien du texte que des illustrations, ils ont toutefois besoin de la présence des deux médias pour construire une représentation appropriée de la cinématique du système. Par conséquent, les auteurs suggèrent qu’il vaudrait mieux illustrer les événements plutôt que les états relatifs au système à acquérir. Les résultats de notre deuxième expérience, semblent pourtant soutenir l’inverse. L’un des buts de cette expérience était d’étudier l’effet de la tâche proposée à l’issue de la lecture de l’organisateur initial (résumé versus schéma) sur l’apprentissage à partir d’un texte subséquent. Les résultats ont montré que l’effet de ce facteur est fonction de la catégorie sémantique des informations à acquérir. Ainsi, la tâche de résumé qui se base sur une représentation descriptive (sémantique) de l’organisateur initial semble être plus bénéfique à la mémorisation des événements que qu’à celle des états qui spécifient le domaine abordé (le neurone). Le pattern inverse a été observé pour la tâche de schéma qui s’appuie sur une représentation analogique (i.e., situationnelle) de l’organisateur initial. Aussi, ces résultats nous conduisent à supposer que les illustrations devraient être plus efficaces lorsqu’elles représentent les états plutôt que les événements du domaine décrit.