L’objectif du corps d’hypothèses est de classer des hypothèses issues de réflexions personnelles, de fragments de discours, d’observations, de lectures, en thèmes et sous-thèmes. Nous retrouvons dans cet objectif les règles prescriptives énoncées par F. Wacheux (1996)72 qui orientent le travail de recherche. Dans le cadre de la construction du corps d’hypothèses, toutes les informations collectées sont en effet codifiées pour pouvoir prendre place et être organisées dans la base de données constituée par le tableau d’hypothèses. La construction du corps d’hypothèses suppose également que, à période régulière, nous nous retirions du terrain ou des analyses bibliographiques pour « engager une phase de micro-analyses » et remettre en cause les données accumulées pour les valider ou les infirmer. L’alternance entre les périodes d’immersion dans l’entreprise ou dans les travaux théoriques et les périodes de réflexion, de tri et de classement des données collectées, permet en effet de tester la pertinence des premières hypothèses émises, de les modifier ou d’en créer de nouvelles. Nous retrouvons, dans la construction du corps d’hypothèses, la logique de la boucle récursive que nous avons énoncée plus haut au sujet de l’induction, de la déduction et de l’abduction.
| THEMES | SOUS-THEMES |
| 1 : CONTEXTE ECONOMIQUE | STRUCTURE DES EMPLOIS GLOBALISATION DES MARCHES TECHNOLOGIES EXIGENCE DE COMPETENCES |
| 2 - SENSIBILISATION DES ENTREPRISES | INDICATEURS DE PERFORMANCE RATIONALITE REPERAGE DES SITUATIONS D’ILLETTRISME COUTS DE L’ILLETTRISME EVALUATION |
| 3 – RESISTANCE AU CHANGEMENT | ROUTINES APPRENTISSAGE ROLE DES DIRIGEANTS ROLE DE L’ENCADREMENT STRATEGIE DES ACTEURS |
| 4 – MODES DE MANAGEMENT | FORMATION DISPOSITIFS DE COOPERATION INTERNES DISPOSITIFS DE COOPERATION EXTERNES IMPLICATION/INCITATION CAPITALISATION/FORMALISATION |
Que l’on induise du terrain des observations pour les analyser et en extraire des hypothèses descriptives, explicatives ou prescriptives, ou que l’on ait une stratégie de vérification des hypothèses existantes en allant sur le terrain, l’alternance entre les phases de collecte et d’analyse est donc nécessaire. Les hypothèses peuvent ainsi émerger du terrain, ou être validées par le terrain, et cela à différentes périodes de la démarche. La démarche d’intervention socio-économique comporte en effet quatre phases indissociables : le diagnostic des dysfonctionnements, la réflexion sur le projet de changement, la mise en œuvre du projet et l’évaluation. L’observation (création ou validation du volet descriptif), l’interprétation (création ou validation du volet explicatif) et la conception (création ou validation du volet prescriptif) peuvent ainsi être réalisées à chacune des phases du processus de changement. Le quoi, le pourquoi et le comment d’une situation, d’un comportement, d’un problème, d’un fait se manifestent donc tout au long de la démarche d’intervention.
De cette itération naît un certain nombre d’hypothèses qu’il convient de classer dans un premier temps dans des « tiroirs » (thèmes) puis dans des « compartiments » (sous-thèmes). Ces thèmes et ces sous-thèmes émergent au fur et à mesure de la présence sur le terrain ou des lectures théoriques et à partir du moment où le volume de données collectées et analysées est suffisant pour créer des familles.
WACHEUX F., 1996, op. cit., p. 229.