1.2.1.3. INTENSIFICATION DES ECHANGES

Les nouvelles technologies d’information sont souvent difficilement intégrées, voire même intégrables, par les salariés en situation d’illettrisme. Elles impliquent en effet de nouvelles formes et habitudes de travail, plutôt à dominante collective. Les nouvelles technologies proposent des interactions fortes aux individus et aux groupes, en les engageant à intensifier leurs échanges à partir des supports informationnels mis à leur disposition (Louart, 2001)123, alors même que les salariés en difficulté dans les connaissances de base ont plutôt tendance à éviter les échanges de peur que leur « handicap » ne soit mis à jour. Dans ce cadre, l’accès à l’information et sa diffusion créent des transparences implicites de contrôle, qui mettent à découvert des individus ayant besoin d’ombre et de secret pour exister.

Les NTIC demandent également une utilisation plus intensive de l’écrit et de la lecture, plus de réactivité, et surtout, contraignent les salariés à utiliser les outils ou techniques mises en place dans le cadre de leur travail. Les salariés qui, jusqu’à présent, évitaient toute forme d’écrit ou les adaptaient pour les rendre compréhensibles et utilisables n’ont plus le choix. Car l’introduction des NTIC a aussi comme conséquence une certaine homogénéisation des formes que prend l’information.

Par conséquent, la gestion de l’information dans sa globalité devient une dimension majeure de l’activité. Savoir utiliser et maîtriser les contours de l’information, et savoir s’en servir comme une aide à la décision, constituent une compétence à part entière (Agathocleous, 2001)124, compétence que les salariés en situation d’illettrisme ont beaucoup de difficultés à acquérir.

Notes
123.

LOUART P. et GUNIA N., 2001, op. cit., p. 197.

124.

AGATHOCLEOUS A., « L’utilisation des NTIC : quels impacts sur le système d’information, les compétences professionnelles et l’organisation du travail ? », Actes de la 19 ème Université d’été de l’Audit Social, 2001, pp. 7-11.