2.2.1.2. LA FACILITATION

Le cas 7 est représenté par une situation où le client est à l’initiative de la collecte et de la formalisation des données. L’entreprise (H) de notre base expérimentale correspond à ce cas. Les données dont nous disposons concernant les actions de remédiation à l’illettrisme de ces deux entreprises sont en effet issues d’une publication effectuée par les responsables de chacun des dispositifs mis en place.

L’entreprise de textile (H) est spécialisée dans le tissage de laine ainsi que dans la teinture et apprêts de type fantaisie. Elle produit des tissus automobiles et muraux. Elle employait 850 personnes dont 68 % d’ouvriers, 12 % d’employés, 8 % d’agents de maîtrise, 7 % de techniciens et 5 % de cadres. Face à une chute de la consommation textile en Europe et à la concurrence des pays à bas salaires, l’entreprise a été contrainte d’accélérer sa modernisation par un effort de réorganisation et d’investissement dans l’outil de production à travers plusieurs objectifs : modernisation totale des unités, rationalisation des structures, développement des exportations. Cet effort de modernisation a amené l’entreprise à supprimer dans un premier temps 124 postes (dont 51 % d’ouvriers et 33 % d’employés) et à annoncer la suppression de 245 postes (dont 81 % d’ouvriers et 9.5 % d’agents de maîtrise) dans les 18 mois suivants soit une éviction de 43 % de son effectif en deux ans. Dans cette annonce, une large partie de la population ouvrière de faible niveau de qualification se trouvait menacée par les projets d’évolution de l’organisation du travail et d’investissement. Cette tendance a été accentuée par le fait que parmi les 369 salariés licenciés, près de 80 % d’entre eux étaient des salariés jugés les plus en difficulté à l’égard des savoirs dits généraux.

A la suite de ces vagues de licenciements, l’entreprise comportait toujours un nombre de salariés ouvriers ayant un niveau de formation initiale très faible et n’ayant eu, au cours de leur parcours, aucune formation professionnelle qualifiante. Face à ce constat et à l’implantation progressive de l’informatique et de la Gestion Assistée par Ordinateur, la hausse du budget formation est devenue partie intégrante de la stratégie de survie-développement de l’entreprise. Ainsi la part consacrée à la formation a été doublée et axée à hauteur de 50 % sur la population ouvrière. Les objectifs de cet investissement étaient de monter un système destiné aux salariés sachant à peine lire et écrire et de mettre en place une formation prévention pour le personnel le plus touché par l’arrivée du système informatique.

Nous n’avons, dans ce cas, eu aucune influence sur les informations collectées puisque nous étions dans le cas évoqué par E.H. Schein où le chercheur observe, ici en laboratoire à partir des articles collectés, mais n’influence pas la situation, ni les résultats diffusés par l’entreprise. Nous n’avons pas eu de contact direct avec cette entreprise, dont nous nous servons comme un cas dont la fiabilité des données nous a semblé bonne, mais où nous n’avons pas pu vérifier les informations.