Coûts cachés du non-traitement de l'illettrisme

Relativité du concept d’illettrisme

Dans le cas de la problématique de l'illettrisme (ou analphabétisme fonctionnel) en entreprise, il faut établir une distinction entre les concepts d'illettrisme et de Bas Niveaux de Qualification ou "premiers niveaux de qualification". Certaines personnes peuvent en effet avoir un faible niveau de qualification sans être pour autant illettrées. C'est le cas par exemple de jeunes issus du système scolaire ou même de l'Université qui n'ont pas acquis de compétences professionnelles et sont obligés d'accepter des "petits boulots" sans qualification. A contrario, il existe des personnes illettrées ayant un niveau de qualification élevé, comme par exemple dans le cas d'un menuisier restaurateur de meubles anciens, qui ne maîtrisent pas la lecture.

Un autre phénomène observé est celui des emplois de faible niveau de qualification qui mènent à l'illettrisme. Ce type de système présente un caractère régressif car l’accentuation de l'illettrisme mène à des emplois de faible niveau de qualification.

Le recensement de personnes illettrées varie en fonction des critères adoptés. Un employé dont la partie de travail exigeant le recours à l'écrit se limitait il y a quelques années à quelques reports de chiffres sur des documents n'était pas considéré comme illettré. Si l'on demande aujourd'hui à ce même employé de faire des comptes-rendus beaucoup plus complets et de lire des instructions sur écran informatique, on s'apercevra d'un décalage entre les nouvelles exigences de son poste et son savoir de base en lecture, écriture et calcul. En forçant le trait, on peut dire que tout un chacun souffre d'un certain niveau d'illettrisme : seul un faible pourcentage des salariés est par exemple capable d'assimiler les 870 pages du manuel d'utilisation d'EXCEL pour micro-ordinateur ou encore la notice d'utilisation d'une machine-outil écrite seulement en anglais.

On peut noter que l'évolution rapide des technologies ainsi que le processus de mondialisation de l'économie tendent à accélérer l'exigence de montée en compétences. Ce phénomène est observé pratiquement dans tous les métiers et tous les pays, avec toutefois des différences de vitesse d'évolution qui s'expliquent par des variables de contingence (cas de secteurs économiques protégés par exemple).