Les lacunes de management de la formation des personnes en situation d’illettrisme

Le calcul des coûts cachés n’a en aucun cas pour but de détecter le « surcoût des illettrés », mais de calculer les coûts du manque de compétences managériales des entreprises et des organisations pour gérer des actions socio-économiques adaptées.

Le calcul des coûts cachés issu de la détection des dysfonctionnements a pour particularité de montrer aux entreprises que le fait de ne pas mener des actions de formation appropriées coûte cher et constitue ainsi une fausse économie, pour l’organisation elle-même, sans compter les coûts cachés externés sur la société. Le manque d’action de formation entraîne en effet deux types de surcoûts :

• Des surcharges :
• • Surcoûts liés à des défauts de qualité comme le non respect des consignes ou des procédures de sécurité, mauvais renseignement des feuilles de poste, nonremontée d'informations importantes concernant le fonctionnement d'un service ou d'un atelier, les défauts de fabrication…. L'ensemble de ces dysfonctionnements est la conséquence d'une mauvaise maîtrise des savoirs de base (lecture, écriture et calcul) .
  • Surcoûts liés au glissement de fonction de l’encadrement. Ces glissements de fonction générateurs de sursalaires sont occasionnés par la prise en charge par un responsable d'une activité mal assumée par le subordonné. Cela peut se traduire par le fait qu'un agent de maîtrise soit obligé de renseigner luimême les écrans informatiques ou de remplir les feuilles de bilan journalier d'activité du fait des lacunes de formation de son personnel.
  • Surcoûts liés aux pertes de productivité dans le cas où, par exemple, le salarié en situation d'illettrisme ne peut pas respecter des délais de fabrication du fait de ses difficultés à lire ou à écrire. Ce nonrespect des délais peut être la conséquence d'une nonconnaissance des informations concernant les échéances de production ou de l'accumulation de retards liée aux difficultés à lire des consignes par exemple.

• Des coûts d’opportunité (nonproduction et non création de potentiel)
• • Noncréations de potentiel liées à l'impossibilité de prise en charge de tâches nouvelles ou de développement. Cette impossibilité est due à un manque de temps de la part des responsables hiérarchiques à cause du surtemps passé à la régulation de dysfonctionnements et aux activités de gestion courante. Ainsi, un responsable d'atelier peut rencontrer des difficultés à mettre en place (ou même à réfléchir à la mise en place) des procédures qualité dans le but d'être certifié du fait des glissements de fonction ou des actes de régulation des défauts de qualité occasionnés par le manque de maîtrise des savoirs de base d'une partie de ses subordonnés.
  • Pertes de potentiel liées à la réticence de certains dirigeants à abandonner des tâches inutiles. Cette situation est particulièrement observée lorsque l'entreprise ou l'organisation a volontairement laissé subsister des tâches à faible valeur ajoutée pour pouvoir fournir un travail aux salariés en situation d'illettrisme (exemple du confinement de salariés dans des voies de garage pour ne pas avoir à les licencier).
  • Pertes de production, résultat de défauts d'application des consignes de sécurité ou de qualité qui provoquent la perte d'une partie du travail fait.

Ces coûts cachés constituent un gisement très important que les organisations peuvent mobiliser pour investir dans des actions préventives avec un retour rapide sur investissement.

Sur la base des différentes interventions et expérimentations menées par l'ISEOR dans différents types d'entreprise, plusieurs solutions apparaissent socialement et économiquement performantes pour les entreprises et organisations. Ces solutions feront l'objet de la deuxième partie de cet article.