Les Baluba du Kasaï ont leur façon d’éduquer les enfants, de leur transmettre des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. Si on regarde de près leur pédagogie, elle confronte en permanence l’enfant à son environnement social, humain, naturel, etc. L’enfant est toujours invité à faire des actions et des expériences dans son milieu. Tout se fait de façon naturelle. Mais la pédagogie traditionnelle ne prend pas de distance par rapport à cet environnement du Kasaï. Elle est une symbiose avec l’environnement. La pédagogie ancestrale est liée à la condition et aux circonstances.

Le système scolaire nous est venu avec la colonisation. Au début les colonisateurs ont essayé à leur façon d’adapter l’école aux réalités des Congolais et des Kasaïens. Ces derniers voyaient à tort ou juste titre ces tentatives d’adaptation comme des manoeuvres pour maintenir l’instruction à un niveau inférieur par rapport à celui de la métropole. Et après l’indépendance, dans le souci d’avoir des cadres qui devaient remplacer les Blancs, ils ont mis l’accent sur les enseignements généraux longs au détriment des enseignements techniques longs et courts. Et concernant les programmes scolaires, ils ont adopté pour le primaire, le plan belge, et pour le secondaire, le plan français. Ils n’ont pas pris en compte l’environnement de l’apprenant. Il s’ensuit que l’école du Kasaï en particulier et du Congo en général est déconnectée des conditions de l’apprenant, elle est le règne de l’abstraction. Cela génère des problèmes d’échecs, d’abandons, de chômage, d’immoralité.

Cette partie comprendra deux chapitres. Le premier traitera de la pédagogie traditionnelle du Kasaï qui est une symbiose avec l’environnement, et le second parlera du système scolaire qui est le règne de l’abstraction, et des conséquences qui s’ensuivent.