A Quelques grands axes de l’éducation traditionnelle du Kasaï

Traditionnellement, l’enfant dans les tribus du Kasaï est très désiré. C’est lui qui rend le lien conjugal solide. Il est considéré comme un maillon nécessaire pour la survie du groupe. Pour mieux le dire, on ne parle véritablement de mariage que le jour où le couple met au monde un enfant.

L’octroi du nom est un événement important dans les tribus du Kasaï. L’enfant est ainsi rattaché officiellement à la lignée de ses ancêtres qui veillent sur lui dans l’au-delà, eux-mêmes étant sous la protection d’un Dieu-Créateur, unique et bon. Ce nom vient le plus souvent d’un ancêtre, d’un grand-parent ou tout simplement d’un parent familial. Mais l’enfant peut aussi porter le nom d’un ami de la famille quelle que soit son origine ethnique. Celui qui n’a pas de nom, dit-on, n’est pas réellement né. Porter le nom est une sorte de consécration.

Dès sa naissance, l’enfant vit dans un univers chaud et doux. Le sein ne lui est presque pas refusé. Il passe de mains en mains et peut être allaité par les parents de sa mère ou de son père. Les berceuses imagées qui lui sont chantées lui permettent de s’imprégner aisément de son histoire, des événements, des personnes et des choses de son milieu d’existence. L’enfant reste cependant libre d’écouter ou ne pas écouter, et si la maman ou la nourrice se rend compte qu’il n’aime pas certains chants, elle en change sans hésiter. L’enfant ne se doute pas qu’il est en train d’apprendre, et parfois même la mère et la nourrice ne se rendent pas compte qu’elles sont en train d’enseigner10.

Les grands-parents, les oncles et les tantes entretiennent avec des enfants une parenté folâtre. On est habituellement très permissif à leur endroit. Les sanctions qu’on prend à leur égard ne revêtent pas un caractère sévère, ainsi les croquemitaines se substituent souvent à la fustigation et aux punitions corporelles 11.

Le sevrage est un autre moment important. Il intervient un peu tard, à deux ou trois ans. L’enfant sort du cercle strictement familial et est plongé dans un milieu très élargi, au sein, non seulement de la grande famille lignagère, mais aussi du village entier. Les parents géniteurs ne sont plus les seuls responsables de l’éducation de leur enfant. « ‘L’enfant est placé sous la tutelle de tous les aînés du groupe familial, du quartier ou même du village ; chacun d’entre eux peut le reprendre et le corriger... ’»12. Les parents apprennent à leurs enfants d’appeler toutes les femmes qui ont l’âge de leur mère, “maman” suivi du nom ou prénom, et tous les hommes qui ont l’âge de leur père, “papa”, suivi du nom ou prénom. Les enfants apprennent également dans leur famille à appeler les jeunes qui ont l’âge de leurs grands frères ou de leurs grandes soeurs, “grand frère” ou “grande soeur”, etc.

Dès que l’enfant sait s’exprimer, on lui pose spontanément des questions sous forme de jeu ou de simple bavardage pour vérifier ses connaissances : «  Comment t’appelles-tu ? Quel âge as-tu ? Qui est ton père ? Et ta mère ? Ton grand-père ? Ton arrière-grand-père ? Ton arrière-grand-mère ? De quel clan es-tu issu ? Etc. »

L’enfant est un être sans frontières au Kasaï, tout le monde l’accepte ; à ce propos Dogbé écrit : « ‘Dans les sociétés primitives, s’il est un être qui est accepté partout, même dans les tribus rivales, et pour qui les frontières ethniques n’existent pas, c’est l’enfant. Il appartient à tout le monde, et son éducation est aussi considérée comme l’affaire de tous’ »13. Et un cliché du Kasaï dit : ‘« l’enfant appartient à sa mère seulement quand il est dans son sein, dès sa naissance, il est l’enfant de tout le monde’ ».

Dès le début l’éducation met l’accent sur les rapports entre individus. Le système éducatif ancestral accorde une place de choix aux contacts humains. Il s’agit notamment des contacts avec les personnes plus âgées que soi, avec les pairs et les plus petits que soi. Les grands surveillent les petits et leur apprennent ce qu’ils savent et les petits se doivent d’accepter les enseignements de leurs aînés, et de les consulter en cas de problème. Les garçons comme les filles apprennent les manières et la tenue qui correspondent à leur situation dans la communauté. ‘« Le bonheur dans le foyer, la popularité parmi les compagnons, les satisfactions présentes et futures exigent que l’on sache tenir sa place et que l’on manifeste respect et obéissance à qui de droit’ »14.

La société repose énormément sur la notion d’âge. On le fait prendre conscience à l’enfant. Dès le sevrage, l’éducation de l’enfant n’est plus réservée aux parents géniteurs. Comme nous l’avons déjà signalé les aînés du village prennent le relais et aussi les groupes d’âge. Ces derniers sont une instance de grande importance pour l’éducation et divers apprentissages. C’est dans leurs bandes que les enfants apprennent pêcher, à chasser les oiseaux, les sauterelles, les cigales, etc., et à fabriquer de outils pour ces activités. Kenyatta note : « ‘Les membres d’un même degré d’âge se doivent loyauté et dévouement réciproques ; les hommes circoncis à la même époque sont liés les uns aux autres par des liens presque aussi puissants que les liens du sang ; ils ne doivent se causer aucun tort ; si l’un d’eux porte préjudice à l’un de ses pairs, l’offense est très grave et considérée comme une atteinte faite à un membre de la famille. Le groupe d’âge est alors un puissant instrument qui veille au respect des usages de la tribu. L’insouciant ou l’égoïste ne perd rien pour attendre : il n’est plus appelé à participer aux festins ; on le tient à l’écart des danses, il est mis à l’amende et souvent mis en quarantaine. S’il ne change pas sa façon d’agir, il s’apercevra bientôt que tous ses vieux compagnons l’ont abandonné ’»15. Les liens d’affection et l’unité qui caractérisent chaque groupe d’âge sont impressionnants. Ils rapprochent les hommes et les femmes issus de contrées et de villages différents.

Les filles et les garçons apprennent tôt à travailler avec et pour les autres. Le travail en commun, dit-on, rend une tâche plus légère. Nombre de travaux, comme la construction des huttes, le sarclage, les récoltes, le pilage, par exemple, du manioc dans un mortier, etc., sont exécutés en groupe. Un vieil homme ou une vieille femme sans enfants est aidé par les enfants du voisin. Ils l’aident dans son champ, coupent son bois et vont lui chercher de l’eau. Réciproquement la vieille personne les considère comme ses enfants et subvient à leurs besoins. En se joignant aux efforts de leurs aînés, les petits se rendent compte que les relations humaines sont d’importance pour leur bien-être. En voyant par exemple toute la famille participer à la construction d’une case pour celui qui en a besoin, ils se font une idée de la nécessité des rapports humains dans une société. Ces leçons par l’exemple valent bien plus que les paroles constamment rabâchées.

L’enfant est considéré pratiquement comme un partenaire à sa propre mesure. Il est sujet d’un dialogue permanent. Il doit bien s’épanouir et être bien traité. Comme il est l’enfant de la famille au sens africain du terme, donc famille élargie, les aînés de la famille veillent à ce que l’enfant ne soit pas maltraité par ses parents et ils n’hésitent pas un seul instant à intervenir, s’ils apprennent que l’enfant subit des sévices dans sa famille.

L’égocentrisme ou l’égoïsme n’a pas de place dans les communautés ancestrales du Kasaï. Il n’y a pas vraiment de problèmes individuels dans les communautés. Toute chose a une signification morale et sociale. La communication, la communion, les échanges vitaux sont essentiels. Chacun est appelé à s’ouvrir aux autres. Les enfants s’en rendent compte dans leur vie au quotidien.

Les jeux d’enfants constituent également un instrument de formation et d’apprentissage d’importance. Les parents laissent les enfants s’adonner aux jeux de leur choix mais sous la seule réserve qu’ils ne soient pas nuisibles à leur santé. Les enfants imitent souvent leurs aînés dans leurs jeux. On dirait une anticipation de la vie adulte. Les petits garçons, imitant leurs pères, aiment construire des cases en miniature, des instruments de travail, comme houes, machettes, frondes. Ils aiment les courses, les luttes, etc. Les petites filles, singeant leurs mères, s’occupent de leurs bébés (poupées), confectionnent de petits ustensiles de ménage avec du bois ou de la glaise, cuisinent de petits plats imaginaires, etc.16 L’on doit bien s’en douter, tous les jeux ne présentent pas ce caractère de préparation à la vie adulte. Le caractère récréatif y tient aussi une place importante.

Il est aussi des jeux de mémoire et de développement de la faculté d’observation. On pourra citer entre autres le jeu de ‘Ngala mwana keb’ee, keba musa’ (eh petit, cherche et trouve le noyau). Les enfants sont assis en cercle, ils ont les genoux un peu relevés de telle sorte qu’ils puissent faire passer un noyau de mangue en dessous de leurs jambes et à l’aide de leurs mains qu’ils enfoncent sous les jambes et qu’ils relèvent aussitôt pour se tenir ensuite dans le rythme d’une chanson.

Le jeu du comptage. Un chant accompagne ce jeu qui consiste à compter différentes choses telles les rivières, les villages de la région, les collines et montagnes, les lacs, les forêts, les différentes espèces d’arbres que l’on rencontre dans les parages, les différentes espèces d’animaux sauvages, différentes espèces d’oiseaux, de chenilles, etc. C’est la célèbre chanson luba, tubalabala bukwa matung’ee, nteng nkumanga nteng...

Nombre de jeux d’esprit destinés à développer la réflexion se jouent souvent dans les soirées illuminées par la lune, ou autour d’un feu. Les enfants rivalisent dans les devinettes et énigmes. Chacun tient à faire preuve de sa perspicacité intellectuelle et de son sens d’observation. On pourra citer à ce propos des énigmes que l’on prononce et dont l’assistance à tour de rôle s’ingénie à trouver la solution. Par exemple : prenez, lance l’un ; ce à quoi les autres répondent : je prends ; puis il continue : qu’est-ce qui aussitôt qu’il a eu un enfant meurt ? La réponse c’est « le bananier », parce qu’en fait, dès qu’un régime de bananes est coupé, le bananier meurt aussitôt, mais en prenant soin de donner une jeune pousse de bananier à sa base. Il existe aussi des jeux d’esprit qui se jouent en plein jour, comme par exemple le déplacement des noyaux de fruits à travers des trous creusés à même la terre.

Avec Pierre Erny, nous ne pouvons nous empêcher de dire qu’une grande partie de l’action éducative des adultes sur les enfants se réalise sans que les uns et les autres s’en rendent vraiment compte. ‘« Les rapports sont simplement vécus, dans la joie ou l’inquiétude, et non pensés... Mais l’on est bien convaincu aujourd’hui que le climat qui préside à ces premiers échanges compte plus dans l’édification de la personnalité et agit à un niveau plus fondamental que tout ce qui va se superposer par la suite... On peut ainsi parler d’une éducation diffuse et même inconsciente, présente encore bien au-delà de la petite enfance’ »17. Mais au fur à mesure que l’enfant grandit, les interventions du milieu se font plus explicites. On défend, on conseille, on stimule, on explique, on sanctionne, on propose des modèles. ‘« Il serait tout à fait inexact, affirme Erny, de dire que dans l’Afrique coutumière il n’existe pas d’enseignement explicite destiné par l’adulte à l’enfant, mais il ne se donne que rarement dans un cadre préétabli : ce sont tous les événements qui jalonnent la vie de la société, tous les faits et gestes des personnes de l’entourage, qui constituent autant d’occasions d’instruire’ »18.

L’éducation ancestrale est liée à la vie et dispensée au gré des événements qui se produisent. C’est le cours de la vie qui détermine le programme d’une éducation. Ainsi par exemple, si un renard surgit, ce sera une occasion de donner une leçon sur cet animal et même de raconter les contes qui le mettent en jeu. On n’aborde des enseignements sur la mort, sur la naissance, sur la maladie, etc. qu’à l’occasion d’un décès, d’une naissance, d’une maladie qui frappent le village ou la famille. L’apparition de différentes constellations de la lune et d’autres astres donne l’occasion des récits et des fables relatifs aux astres et phénomènes cosmiques. Les attitudes en face de la nature s’apprennent à l’occasion des randonnées en forêts ou des travaux de champs. L’école traditionnelle est une école de la vie et pour la vie.

L’homme traditionnel du Kasaï est en permanence en contact direct avec les choses et les gestes de la nature ambiante. Il garde un vrai contact avec la terre et les rythmes de la nature. Pour acquérir sa science et sa sagesse, il part des réalités vitales les plus immédiates. Il cherche en priorité ce qui lui est utile. Il s’exprime surtout sur les choses et leurs actions. Ainsi l’éducation de ses enfants met l’accent sur le concret. Les connaissances données sont toujours concrètes et donnent lieu à des utilisations pratiques. Elles sont variées et concernent tous les aspects de la vie. On peut parler d’une science de la vie et pour la vie.

La liberté et la confiance accordées à l’enfant lui permettent de recueillir toutes sortes de renseignements sur le milieu ambiant. L’enfant n’est nullement perturbé par un enseignement rigide et formel qui n’a souvent que peu de rapports avec ses préoccupations et ses intérêts. En errant seul ou avec les parents ou les copains dans la nature, il apprend à connaître les animaux, les insectes, les oiseaux, les arbres, les plantes, les fleurs, les fruits, etc. Il n’est pas question pour lui de leçons d’histoire naturelle. Il apprend ce qui sera utile à ses activités. Il apprend à reconnaître les bois qui résistent aux termites et font les meilleures ruches, les mortiers, les pilons. Il apprend à distinguer les champignons comestibles des vénéneux. L’enseignement a pour but de donner des connaissances pratiques. On est focalisé sur la conduite que l’enfant aura à tenir. On ne lui apprend qu’à exécuter ce qui lui est demandé en telle ou telle circonstance et on ne l’autorise pas à accomplir ce qui n’est pas encore à sa portée19.

Dès que l’enfant est sorti de la petite enfance, on l’initie tout naturellement à des travaux des champs, de bûcheron, de chasseur, de forgeron, de potier. Il apprend à assumer les tâches adultes. Cet apprentissage est souvent lié à l’activité de la famille. Chaque parent apprend à son enfant ce qu’il connaît. C’est l’apprentissage dans la nature. Tout va de soi avec la nature. Erny écrit : ‘« Le passage aux tâches réelles est loin d’être brusque. L’enfant apprend à y contribuer progressivement et naturellement, à mesure que se développent chez lui intérêt et capacités. L’essentiel est qu’il prenne très tôt l’habitude d’aider toutes personnes de l’entourage selon le régime de la réciprocité. Cependant, même si leur contribution est en réalité infime, la participation des petits enfants aux travaux ne relève en rien du faire-semblant. Dès qu’ils sont capables d’accomplir une tâche ou de remplir une fonction, on juge qu’il est normal qu’ils le fassent’ »20.

L’agriculteur amène son enfant au champ, le forgeron apprend au sien à forger, le pêcheur arrange ses hameçons, ses filets, ses pirogues à la vue de son enfant. L’enfant voit et apprend dans l’action. Le guérisseur montre à son enfant sa pharmacopée, l’envoie chercher les plantes médicamenteuses et ils travaillent ensemble. Le garçon accompagne son père à la chasse et apprend la cynégétique. La potière sollicite les services de sa fille. Les chanteurs, les danseurs, au clair de la lune, chantent et dansent avec leur progéniture qui apprend du même coup les gestes et les épopées. Les artistes suscitent la curiosité et l’esprit d’imitation de leurs descendants pour leurs arts... C’est l’apprentissage par l’action pour la satisfaction des besoins vitaux. Erny note : ‘« Les professions très spécialisées se transmettent en général au sein d’un même lignage et il arrive que leurs tenants fassent partie d’une véritable caste d’artisans... Des spécialités comme la médecine ou la divination reposent souvent sur une science tenue secrète et dont les recettes constituent des biens de famille, un patrimoine transmis par héritage... Les enfants sont parfois placés en apprentissage chez ces artisans contre le paiement d’honoraires’ »21.

L’apprentissage se fait normalement en trois temps. On laisse d’abord l’enfant regarder, ensuite on lui demande d’imiter et on lui montre comment s’accomplit la tâche, c’est-à-dire qu’on exécute la tâche en question devant lui, et enfin on lui donne très sobrement les explications. L’apprentissage des opérations se fait sans être davantage verbalisé et conceptualisé.

Comme on peut le voir, toute la pédagogie consiste à laisser l’enfant opérer son apprentissage dans la nature. Il voit comment papa fait, comment maman fait, et essaie de faire comme eux. On puise les choses dans la nature, dans l’environnement. On laisse à la nature la direction de tout. On a pleinement confiance en elle. Le rapport aux choses est immédiat. On ne va pas plus loin. On vit en harmonie avec son milieu. On n’a aucun pouvoir sur son environnement, on n’agit pas sur lui. On reste prisonnier des fatalités naturelles et sociales. On ne sait pas analyser la pratique, la critiquer pour l’orienter. Il n’y a pas de projet d’intelligence de l’action éducative.

L’éducation ancestrale se fait oralement. La parole est l’outil principal de communication dans les tribus du Kasaï. L’art de la parole est une valeur. Il valorise l’homme dans les discussions publiques. Apprendre à parler, à savoir réciter les proverbes, les contes, les légendes ou les généalogies sans se tromper occupe une place de choix dans l’éducation traditionnelle du Kasaï. On considère la parole, le bien-dire comme un signe de sagesse et un élément fondamental de cohésion sociale. La parole quotidienne, utilisant des formules figées, des dictons, des symboles, des références apparaît comme un vecteur privilégié des codes sociaux. Et ce n’est pas tout. ‘« Dans les civilisations orales, écrit Hampaté, la parole engage l’homme, la parole EST l’homme. D’où le respect profond des récits traditionnels légués par le passé, dont il est permis d’embellir la forme ou la tournure poétique, mais dont la trame est immuable à travers les siècles, véhiculée par une mémoire prodigieuse qui est la caractéristique même des peuples à tradition orale. Dans la civilisation moderne, le papier s’est substitué à la parole. C’est lui qui engage l’homme. Mais peut-on dire en toute certitude, dans ces conditions, que la source écrite est plus digne de confiance que la source orale, constamment contrôlée par le milieu traditionnel ?’»22

C’est dans ce même sens que Jean Tuzindé Yilbuudo écrit dans sa thèse : « ‘Pour les peuples de tradition orale, la parole a gardé toute sa force. La parole est plus humaine que le livre. La communication orale est une expression globale et vivante qui produit une saisie immédiate de l’interlocuteur, un rapport authentique, et alors une communication peut se produire ’»23.

La parole est considérée comme une puissance mystérieuse et participante du dynamisme de l’être. Grâce l’oralité on s’implique, on vibre au rythme de ce qu’on voit, de ce avec quoi on est en présence.

Mais pour éviter que les paroles s’envolent, on utilise certaines techniques. L’éducation orale ne se fait pas n’importe comment. Il y a une certaine pédagogie. Mais il s’agit d’une pédagogie populaire qui repose sur une tradition orale et une très forte imprégnation par le milieu socioculturel, liée à une pensée qui ne s’abstrait du sensible qu’avec difficulté24. Dans le volet suivant, nous allons essayer de déceler les techniques éducatives et mnémoniques du style oral.

Notes
10.

KENYATTA (J.), Au pied du mont Kenya, Paris, Petite collection Maspero, 1960, p.81.

11.

NTAMBWE (B.), “Education traditionnelle, l’initiation en tant que vecteur de socialisation chez les Luluwa”, in Kerygma, vol. 18, n°43, 1984, p. 145.

12.

KI-ZERBO, Eduquer ou périr, p. 45.

13.

DOGBE (E.), La crise de l’éducation, Paris, Akpagnon, 1979, p. 94.

14.

KENYATTA (J.), op. cit., pp. 84-85.

15.

KENYATTA (J.), op. cit., p. 91.

16.

KENYATTA (J.), op. cit., p. 82.

17.

ERNY (P.), op. cit., p. 17.

18.

ERNY (P.), op. cit., pp. 166-167.

19.

KENYATTA (J.), op. cit., p. 84.

20.

ERNY (P.), op. cit., p. 144.

21.

ERNY (P.), op. cit., p. 151.

22.

HAMPATE (Bâ A.), Aspects de la civilisation africaine, Paris, Ed. Présence africaine, 1972, p. 25.

23.

In JOUSSE (M.), Le parlant, la parole et le souffle, Paris, Gallimard, 1978, p. 215.

24.

ERNY (P.), op. cit., p. 21.