Le système scolaire du Kasaï en particulier et du Congo en général provient de la colonisation. Les Belges l’ont apporté à partir de 1885 quand le Congo a été donné à Léopold II, Roi de Belgique, à la conférence de Berlin. Nous en donnerons quelques aspects historiques et généraux au cours de ce chapitre.
Aujourd’hui ce système scolaire du Kasaï cultive volontiers l’abstraction, il est déconnecté de l’environnement des apprenants. Il s’occupe plus des savoirs constitués que de leur rapport avec la condition d’existence des apprenants. Il s’intéresse plus à ce qui se passe ailleurs qu’à ce qui est à leur portée. Les enfants ingurgitent des notions purement livresques et abstraites sur le monde entier avant même qu’ils connaissent ce qui se passe autour d’eux. Ils sont soumis aux effets de la pensée socialisée par laquelle s’expriment acquisitions de l’humanité, habitudes, conventions acceptées coulées dans les mots. En clair, l’environnement du Kasaï n’est pas pris en compte par le système scolaire du Kasaï. Nous analyserons pour justifier nos propos quelques programmes et manuels scolaires et ainsi que les méthodes pédagogiques utilisées.
Ce système scolaire abstrait génère les échecs et les abandons scolaires, le chômage, l’immoralité... Il ne s’adresse qu’à une minorité et plusieurs milliers d’enfants en sont exclus. Ceux qui terminent les études ne trouvent pas l’emploi et ne sont pas à même d’exploiter et de maîtriser le monde dans lequel ils vivent. Cette citation d’un chercheur Congolais résume mieux la situation de l’école :
‘« l’école zaïroise ignore :GASIBIREGE RUGEMA (S.), “A la recherche d’une réforme scolaire adaptée”, in Zaïre-Afrique, n° 134, 1979, p. 228.