Section 1
Eclairages philosophiques : comment nous vient la connaissance ?

Chapitre 1 Les théorieS de la connaissance de Platon et d’Aristote, et leurs implications pédagogiques

La théorie de la connaissance d’Aristote met en relief la place de l’environnement qui est matière et forme dans l’acquisition de la connaissance. Selon ce philosophe grec du quatrième siècle avant Jésus-Christ, l’environnement est incontournable dans la construction de la connaissance et de la science. Sans la sensation, toute connaissance est vaine. Par la sensation, on découvre la forme, l’essence des choses. D’après le père de la logique, « ‘la sensation est le point de départ obligé de la science, parce que, si, dans l’ordre logique, c’est l’universel qui est antérieur, dans l’ordre sensible c’est l’individuel, et que toute science doit partir des choses les plus claires pour nous et les plus proches de nous, c’est-à-dire des ensembles complexes fournis par la sensation (Callias), pour remonter de là, par analyse, jusqu’au concept universel (homme), plus clair en soi et par nature, mais plus éloigné de nous, qui se trouve dans le complexe, à titre d’élément déterminant et essentiel : car l’universel, au sens propre, n’est pas ce qui se répète, mais ce qui appartient par essence nécessairement à l’être en qui il se trouve réalisé. En ce sens, toute science doit partir de l’expérience simple, ou plutôt commencer avec elle : l’expérience enveloppe la science, comme l’inférieur n’est que le supérieur en germe, comme l’intelligible, la forme ou la fin, détermine et achève le sensible, la matière’ »121.

Cette théorie de la connaissance d’Aristote n’est pas tombée du ciel. Aristote a été pendant vingt ans élève de Platon à l’Académie (école fondée par Platon). Il connaît bien les pensées de ses prédécesseurs et ses contemporains, et il prend position face à eux. Sa pensée s’inscrit dans la tradition de la sagesse antérieure qui recherchait des causes et des principes. Mais elle transforme la tradition dans laquelle elle s’inscrit. Sa théorie de la connaissance de forme et matière se construit et se positionne face à son maître Platon qui sépare la matière des Idées (formes), et face aux sophistes qui, selon Aristote, contrairement à ce que leur nom signifie (sophos : sage, expert), sont des chercheurs non de la science, mais des apparences, de l’utile, du particulier, etc. Ils confondent la matière et la forme. Pour Aristote la forme est dans la matière, si l’on veut acquérir la connaissance l’on ne peut négliger ni l’une ni l’autre. Pour mieux pénétrer la théorie de la connaissance d’Aristote, nous nous proposons de voir avant tout ses débats avec les sophistes d’une part, et avec Platon d’autre part. Puis, nous donnerons des points d’appui pour la pédagogie de la connaissance.

Notes
121.

CHEVALIER (J.), Histoire de la pensée. 1. La pensée antique, Paris, Flammarion, 1955, p. 308.