2 - Savoir c’est connaître la cause

Pour Aristote, nous pensons connaître quand nous savons la cause, savoir c’est connaître le pourquoi des choses155. Pour dire qu’on connaît une chose, il faut connaître sa cause première dans la mesure où une chose s’explique par sa cause la plus prochaine, la plus immédiate que l’esprit trouve quand il remonte des effets aux causes. Une chose est connue lorsqu’on connaît la cause et qu’on sait qu’elle ne peut être autrement. Savoir c’est connaître les choses dans leur essence, c’est percevoir la nécessité en vertu de laquelle le prédicat appartient par soi au sujet. La forme, étant l’essence et la quiddité, est la cause. Elle est cause parce que c’est elle qui rend raison de chaque être d’autant qu’elle nous montre pourquoi tel être est ce qu’il est. La véritable substance est la forme. Elle est l’essence qui fait que chaque chose est ce qu’elle est nécessairement. On ne perdra pas de vue que c’est la sensation qui éveille à l’essence.

Aristote montre que « ‘la science consiste à la fois dans une étude minutieuse de la réalité, qui est indispensable, et dans une connaissance expérimentale qui relie les réalités observées à leur cause, c’est-à-dire à ce dont elles dépendent’ »156. Et il n’y a pas qu’un seul sens du mot cause.

Dans la physique, dans la nature, intervient le temps. Et qui dit temps dit changement. Ce qui existe dans la nature se meut. Le lien de causalité devient alors complexe car interviennent plusieurs paramètres. Aristote les réduit à quatre. Les causes sont donc de quatre ordres : la forme ou la quiddité, la matière ou la nécessité hypothétique, le moteur et la fin. C’est l’articulation de ces quatre causes qui permet de répondre à la question de savoir pourquoi une chose est ce qu’elle est, pourquoi telle propriété appartient à tel état de choses.

Selon Aristote, toute science doit s’accompagner de raisonnement. Une chose est connue lorsqu’on connaît cette chose par le moyen de la démonstration ou le syllogisme scientifique. Et dans le syllogisme démonstratif le moyen terme est cause, l’essentiel de la chose, l’eidos défini par le logos. Dans le raisonnement, « ‘la cause ou la raison d’être d’un fait, c’est-à-dire de l’attribution d’un prédicat à un sujet, c’est le moyen terme du syllogisme démonstratif. Or ce moyen-cause, qui établit une liaison analytique entre les deux termes, c’est la forme ou l’essence’ »157. Cette dernière est découverte grâce à la sensation et à l’induction.

Notes
155.

ARISTOTE , Organon IV. Seconds Analytiques, p. 197.

156.

CLEMENT (M.), op. cit., p. 170.

157.

CHEVALIER (J.), Histoire de la pensée. 1. La pensée antique, p. 324.