Conclusion

Ce regard philosophique nous a donné une certaine connaissance de la connaissance et quelques repères pour penser la pédagogie de la connaissance. Il a fait ressortir certaines notions et concepts, leur intérêt et leurs limites dans la construction de la connaissance. Aristote, Hume, Kant et Rousseau, nous ont montré que pour acquérir la connaissance, on ne peut pas faire abstraction de l’expérience et de l’environnement.

Aristote nous fait savoir que pour construire la connaissance, il faut partir de la matière, du concret, du particulier, et mettre en oeuvre la forme, le nécessaire, le général, l’universel. Les principes de la science qui sont des formes, des universels, sont acquis grâce à la contemplation des cas particuliers et au travail du noùs. Il n’y a de science et de connaissance que de l’universel, disait-il. A ce propos nous avons fait remarquer que, en dépit du bien fondé de cette conception, la science ne peut être réduite à l’universel, à une théorie abstraite. Le réel ne peut être réduit aux concepts. Ces derniers ne reflètent pas la réalité, mais la traduisent de façon souvent erronée. La science de l’universel n’est pas la seule légitime. Elle n’a pas à exclure le particulier. L’esprit humain veut connaître tout le réel et le réel n’est pas épuisé par les genres, les lois, le nécessaire, l’universel. L’individuel et le particulier doivent eux aussi être objets de savoir.

Avec Kant nous avons pu voir que la connaissance a deux sources : la sensibilité et l’entendement. La connaissance comprend deux éléments à savoir l’intuition et le concept. Pour faire une expérience, il faut des concepts. Et le concept n’a de sens que quand il se nourrit de l’objet, du donné sensible. Pour connaître le monde des phénomènes l’esprit opère une intervention organisatrice. Et l’esprit ne peut pas connaître de lui-même en faisant fi de l’expérience. Mais le concept n’est jamais exhaustif et l’expérience n’est jamais à l’abri de l’erreur et de l’illusion. Ainsi pour parvenir à construire la connaissance, Kant a donné une méthodologie et nous avons relevé quelques éléments : la communication, se soumettre à la critique et accepter la critique, faire l’autocritique, éviter la dissimulation et le mensonge, savoir distinguer la connaissance rationnelle par concepts et la connaissance rationnelle par construction des concepts avec les implications qui s’ensuivent, etc.

Rousseau pour qui, comme Kant, la connaissance a deux éléments, nous a montré comment on peut articuler ses deux éléments de toute connaissance dans une action pédagogique. L’on partira des expériences de l’apprenant pour lui faire acquérir des concepts, ou des concepts et amener l’apprenant à les utiliser dans son milieu. De plus, il importe que l’apprenant perçoive l’utilité de ce qu’il apprend, que ce qu’il apprend ait du sens pour lui, afin qu’il puisse s’investir.

Cette pensée éducative de Rousseau nous permet maintenant d’aborder notre approche psychopédagogique de la connaissance. Nous allons dans la deuxième section qui suit, voir comment certains auteurs de l’Education nouvelle conçoivent et organisent l’action pédagogique pour faire acquérir la connaissance aux apprenants.