B Des illustrations

1 - Dans l’apprentissage intellectuel

Pour Pestalozzi dès la première heure de la naissance de l’enfant, à l’instant même où ses sens s’ouvrent aux impressions de la nature, la nature l’instruit. L’enseignement donné à l’homme est l’art de prêter la main à cette tendance de la nature vers son propre développement. La formation est la mise en rapport et en harmonie des impressions à donner à l’enfant avec le niveau exact du développement de ses forces259. Elle doit suivre pas à pas la progression des forces à développer chez l’enfant. La nature et l’éducation doivent rester liées.

Pestalozzi commence son enseignement par la notion la plus simple que l’enfant maîtrise à la faveur de ses contacts avec les choses avant d’aller plus loin ; ensuite il progresse pas à pas en se contentant toujours d’ajouter une petite connaissance à ce que l’enfant sait parfaitement bien. Il se prend à la manière de ‘« cette action de la grande nature qui commence par faire sortir de la graine du plus grand arbre un germe imperceptible, puis, au moyen d’ajouts aussi imperceptibles que renouvelés chaque jour et à chaque heure, développe d’abord les éléments du tronc, puis ceux des branches secondaires, jusqu’au dernier rameau ou s’attache la feuille éphémère’ »260. La nature soigne et protège chaque partie formée et rattache le nouvel élément à la vie assurée de l’ancien.

De la même façon, préconise Pestalozzi, tout enseignement doit imprimer dans la substance de l’esprit humain, en caractères profonds et ineffaçables, l’essentiel en maintenant tous les éléments dans une union vivante. Il s’agit à travers l’apprentissage de ‘« fixer dans la tête de l’enfant les bases solides d’un ordre qui lui permettrait de maîtriser sa condition familiale et sociale à venir’ »261. Cela se réalisera pour peu que l’éducateur rapproche les objets des cinq sens de l’enfant selon les rapports qui facilitent le travail de la mémoire et aident les sens eux-mêmes à se représenter de manière toujours plus précise les objets de ce monde, du milieu où il vit et qu’il n’a pas choisi. Car il est hors de doute que l’homme est toujours lié à son nid qu’il n’a même pas choisi et l’intuition sensible est le fondement absolu de toute connaissance : « ‘toute connaissance doit venir de l’intuition sensible et doit pouvoir être ramenée à elle’ »262.

La nature présente toutes sortes d’impressions sous une forme obscure et confuse. C’est la formation qui doit supprimer le chaos qui existe dans la perception, et présenter à l’enfant les objets de telle sorte qu’il acquière des notions claires qui s’élèveront jusqu’aux concepts distincts ; ‘« notre connaissance, écrit Pestalozzi, passe de la confusion à la détermination, de la détermination à la clarté, de la clarté à la distinction’ »263.

La clarté de la connaissance est tributaire de la proximité ou de l’éloignement des objets qui frappent les sens. Plus les objets s’approchent des sens, mieux leur précision, leur clarté et leur distinction sont assurées. Et on a une conscience déterminée pour tout ce qu’on connaît soi-même dans son activité264

Notes
259.

PESTALOZZI (H.), Comment Gertrude instruit ses enfants, p. 60.

260.

PESTALOZZI (H.), Comment Gertrude instruit ses enfants, p. 109.

261.

SOËTARD (M.), op. cit., p. 370.

262.

PESTALOZZI (H.), Comment Gertrude instruit ses enfants, p. 176.

263.

PESTALOZZI (H.), Comment Gertrude instruit ses enfants, p. 119.

264.

PESTALOZZI (H.), Comment Gertrude instruit ses enfants, p. 120.