Initiation à la vie

L’éducation traditionnelle est conçue comme un processus d’initiation à la vie et d’intégration dans la société. Les éducateurs essaient d’intégrer la jeune pousse dans son milieu en lui distillant des enseignements et des connaissances de son milieu, et en lui inculquant des valeurs, d’autant que pour les Anciens le nouveau-venu dans ce monde ne peut pas de lui-même tout savoir et tout décrypter. On lui donne tout ce dont il a besoin pour s’épanouir dans son milieu. A tout moment de sa vie, les Anciens essaient d’éclairer le nouveau-venu dans ce monde. Tous les problèmes connus qu’il pourra rencontrer dans son milieu sont abordés par les éducateurs. On lui parle de ses relations avec ses semblables, avec les choses de ce monde, avec l’invisible, et de tout ce qui y porte atteinte. On lui parle de lui-même, de sa sexualité, des problèmes du couple, comment vivre dans le couple, etc.

Etant donné qu’une telle initiation à la vie n’existe presque plus dans la société du Kasaï, il importerait que l’école prenne le relais, que ces différents enseignements soient inscrits dans les programmes scolaires. La sagesse, la science, les coutumes, la morale traditionnelles peuvent bien être transmises dans le cadre scolaire. Les réalités du Kasaï, les problèmes qui s’y posent et les solutions y apportées par les Anciens peuvent bien trouver leur place dans les disciplines scolaires. Dans le même ordre d’idées, nous proposons un enseignement qu’on pourrait dénommer ‘l’éducation à la vie’ qui serait un enseignement préparatoire à la biologie qui ne se donne qu’en fin du secondaire. Dans cet enseignement on traiterait des sujets qui préoccupent les adolescents notamment la sexualité, leur anatomie, les changements qui surviennent à l’adolescence, la crise y afférente, le mariage... Pour des questions spécifiquement féminines, compte tenu de la pudeur et de la sensibilité des Kasaïens, il serait opportun d’en appeler à des éducatrices compétentes et affables auxquelles les filles peuvent se confier sans retenue, et de traiter ces questions au cours de rencontres réservées aux adolescentes. Au lieu d’encombrer les apprenants de choses auxquelles ils ne comprennent rien, ne serait-il pas préférable de leur apprendre ce qui les concerne et qui leur servira ?