L’esprit d’imagination et de créativité

L’éducation traditionnelle ancestrale développe dans une certaine mesure l’esprit d’imagination, d’improvisation et de créativité des enfants. Pour l’exploration des choses, elle compte beaucoup sur la curiosité des enfants. Au cours de l’apprentissage, il n’y a pas d’instructions formelles qui éteignent souvent la curiosité, une faculté vivante de l’enfance et de l’adolescence. L’apprentissage des opérations n’étant pas davantage verbalisé, les enfants sont constamment invités à mettre leur esprit en branle.

Les enfants et les adolescents font leurs expériences, découvrent eux-mêmes des choses, et imaginent comment les diriger et les utiliser. Les enfants construisent eux-mêmes leurs jouets et les entretiennent. On verra par exemple la petite fille fabriquer ses poupées et chercher comment les bichonner, ou le petit garçon construire ses voiturettes. Les enfants font eux-mêmes certains outils de travail. Ils cherchent les appâts, vont seuls à la pêche, à la recherche des sauterelles, des cigales, etc. Les parents acceptent les initiatives des enfants, mais leur demandent de se débrouiller pour qu’elles aboutissent. Ils ne sont pas derrière leur progéniture pour la conduire. C’est chacun qui cherche des activités dans lesquelles s’investir, c’est chacun qui imagine et crée des situations pour acquérir son savoir et son savoir-faire, et pour construire sa personnalité. On se souviendra que durant l’initiation, on éprouve l’esprit d’entreprise et l’imagination des adolescents, en les laissant seuls, sans moyens matériels, pour voir comment ils vont faire travailler leurs neurones et subvenir à leurs besoins.

L’apprentissage et la présentation des contes et du chant héroïque, kasala, développent aussi les facultés d’improvisation dans la mesure où le conteur et le chanteur sont obligés à s’adapter, chaque fois, aux circonstances du moment et aux personnes en présence et de choisir les séquences et les aphorismes les plus adéquats et les plus significatifs. Nombre de jeux traditionnels concourent au même but : le développement de l’esprit d’imagination et de créativité.

Qu’on ne perde pas de vue que les constructions des auteurs étudiés visent à éveiller et développer l’esprit de recherche, d’initiative et de créativité des apprenants. On cherche à rendre les apprenants curieux et chercheurs, autonomes. Il importe que l’école du Kasaï oeuvre dans ce sens.