Les procédés mnémotechniques

Pour la mémorisation et la remémoration du message oral, la pédagogie traditionnelle utilise certaines techniques inspirées des choses de la nature. Les transmetteurs des traditions ethniques millénaires se sont ingéniés à repérer dans la nature et à utiliser certains éléments d’automatisme et les forces anthropologiques d’automatisme. Il s’agit notamment du rythme, de la musique, du balancement (hémistiche), des gestes...

Ils ont essayé d’harmoniser le message à transmettre avec le rythme de la nature, le rythme de la création, le rythme qui bat dans le corps et la vie de tout homme, depuis sa conception dans le sein de sa mère. Ils ont donné au langage un rythme de chair et de sang, de vertèbre et de peau lisse, de sorte que se refait la greffe de la parole sur l’anatomie424.

Les techniques mnémoniques qui en sont sorties comme le rythme, la mélodie, les paroles ‘rythmées-intelligées-mélodiées’, le balancement, les schèmes rythmiques binaire, ternaire, etc., le partage pour le portage, les gestes dans l’expression, les métaphores, les comparaisons sont des choses que la pédagogie peut utiliser pour la fixation, la mémorisation, la remémoration et la récitation du message. Pour mieux ingurgiter les enseignements, on pourra se balancer, recevoir ou se faire de petites mouillettes balancées, structurées et facilement portables.

Avec Jousse nous estimons qu’aujourd’hui, l’école donne aux enfants de textes à apprendre par coeur parfaitement difficiles à apprendre. On sait faire des bonbons pour la bouche qui se nourrit, mais malheureusement on ne sait pas en faire pour la bouche qui s’instruit. On apprend des choses comme si c’était des formules mortes et quasi vides de sens. On perd de vue que savoir par coeur, c’est savoir de la façon normale à l’homme. Ce n’est pas avec son papier qu’on sait, c’est avec tout son être vivant et bilatéral. Quand on possède un texte en soi, on peut en fonction de ce texte, se poser des problèmes intelligents425. Nous suggérons l’utilisation des techniques du style oral à l’école du Kasaï pour permettre aux apprenants de mieux retenir les leçons et de mieux les utiliser.

Notes
424.

SENGHOR (L. S.), op. cit., p. 375.

425.

JOUSSE (M.), L’anthropologie du geste, p. 280.